Comment mesurer l’isolement social ?
Depuis 2010, la Fondation de France publie régulièrement des rapports fondant leurs indicateurs sur la définition suivante : « Sont considérées comme étant en situation d’isolement objectif les personnes qui n’ont aucune relation sociale significative au sein des cinq grands réseaux de sociabilité : réseau familial, réseau professionnel, réseau associatif, réseau amical, réseau de voisinage.»
Cependant, en 2016, ces enquêtes ne sont plus menées par téléphone mais en ligne ce qui élimine une partie du public des ainés dont un grand nombre est exclu du domaine numérique.
Ainsi, les Petits Frères des Pauvres donnent un rapport détaillé sur l’isolement des personnes âgées de 60 ans et plus.
Les données de ce rapport mené en 2017 indiquent que 300 000 personnes de 60 ans et plus sont en situation de « mort sociale », c’est-à-dire, presque sans ou sans contacts sociaux (cercles sociaux comportant le cercle familial, amical, le voisinage et les réseaux associatifs) ainsi que 900 000 personnes de la même catégorie d’âge sont isolées des cercles sociaux familiaux et amicaux. [7]
Parmi les indicateurs de mesures choisis, il y a :
- Isolement du cercle familial
- Isolement du cercle amical
- Isolement du cercle « voisinage »
- Isolement des réseaux associatifs
Ces données sont récoltées en France métropolitaine et par région.
Par ailleurs, le rapport précise que 27 % des personnes de 60 ans et plus sont en situation d’exclusion numérique. Il y est aussi recensé le sentiment de solitude des personnes âgées par région en 2020.
L’isolement social, la solitude et le chômage
Selon les données de la fondation de France, depuis 10 ans, il y a bien une corrélation entre l’isolement social et la précarité. Celle-ci augmente les situations d’isolement puisque 12% déclarent être au chômage en 2019. [8]
En mars 2015, dans la ville de Strasbourg, une enquête basée sur des questionnaires, est réalisée par Serge Paugman, directeur de recherches au CNRS, à l’initiative de la société Saint-Vincent-de-Paul en partenariat avec la Fondation Caritas-France, la Fondation pour le Lien Social-Croix-Rouge France et la Fondation des Petits Frères des Pauvres et a mis en lumière que les personnes touchées par la précarité sont plus touchées par la solitude et la dépression. [9]
Les solutions d'isolement social et de prévention de la solitude au travail
Les effets de l’isolement ne font pas exception dans le cadre professionnel. La problématique de l’isolement peut être créée par le stress, la perte de l’estime de soi et un état de mal-être au travail.
D’ailleurs, le baromètre 2019 ParisWorkplace réalisé par l'IFOP confirme que 26 % des salariés se sentent souvent isolés et que ce sentiment d'isolement ne semble pas être compensé par l'usage croissant des technologies d'information et de communication ni par le développement de nouveaux modes d'organisation du travail comme le « télétravail ».
Selon l’INRS, les indicateurs objectifs permettant de déterminer une situation d’isolement au travail sont : le nombre de personnes à proximité, la durée de l’isolement, le nombre de contacts par jour, de coups de téléphone, l’accès à une assistance, qui par ailleurs serait le critère la plus important. [10] A l’évidence, le télétravail est un autre facteur favorisant l’isolement au travail.
Par ailleurs, Malakoff Humanis publie les données d’une étude de BPI France Lab datant de 2016 et indiquant que 45% des dirigeants d’entreprises se sentent isolés. Le groupe propose plusieurs solutions comme entretenir un réseau d’entrepreneurs, revoir l’organisation de son entreprise (par exemple mettre en place un comité de direction), se former régulièrement, demander de l’aide à un professionnel du conseil et en parler. [11]
De plus, afin de trouver une solution à ces situations d’isolement social et de solitude, les entreprises se tournent de plus en plus vers le bien-être au travail.
L’objectif est d’intégrer au mieux le salarié au sein de l’entreprise afin d’en faire un véritable acteur et réduire la sensation de solitude. Une politique managériale plus moderne permet aussi d’éloigner ce sentiment du cadre professionnel. Plus particulièrement, la qualité des relations sociales est primordiale pour assurer une diminution de l’isolement. D’autres solutions existent pour lutter contre l’isolement : le sport et la méditation se présentent comme des moyens efficaces.
Comment briser l'isolement social chez les jeunes ?
A l’origine de l’isolement social des jeunes, il y a les déménagements, l’échec scolaire ou encore la précarité. A ce sujet, la fondation de France a mené une étude sur la solitude des 15-30 ans. Il en ressort que 6% des jeunes entre 15 et 30 ans sont concernés par l’isolement.
De plus, 60% des jeunes isolés ou socialement vulnérables se sentent inutiles impliquant une dépréciation de soi.
A cet effet, la fondation de France met à disposition 1000 initiatives avec un budget de 15 millions d’euros par an en faveur du lien social.
Les actions menées sont « l’aide à l’enfance / l’adolescence et à la parentalité, la lutte contre le décrochage scolaire, la médiation culturelle, la contribution à la bonne santé et au bien-être, l’insertion par le sport, le développement de l’habitat participatif ou partagé, la formation et l’insertion professionnelle, le soutien à la vie sociale et citoyenne malgré le handicap... » [12]
Comment rompre l'isolement social chez les jeunes parents ?
La périnatalité est source de grands changements et de vulnérabilité. Elle peut engendrer l’isolement des jeunes parents qui souvent sont victimes d’un déni de reconnaissance.
Cet isolement social peut prendre deux formes : l’isolement géographique et l’isolement relationnel. L’isolement géographique limite les aides « d’urgence », si le parent a besoin d’être « dépanné ».
L’isolement relationnel vient du manque de proximité et de contacts avec les proches des parents. Ces deux types d’isolements augmentent la difficulté à « devenir parent ».
Ainsi, la problématique de l’isolement a pour conséquence la perte de l’estime de soi des deux parents qui coupent au fur et à mesure des liens sociaux, entrant dans un cercle vicieux et se renfermant avec leur bébé. Il en résulte une mort sociale.
Afin d’y remédier ou de prévenir ce phénomène, il est bon de se tourner vers des professionnels de santé spécialisés, de maintenir des liens sociaux notamment avec la famille (grands-parents et proches), et avoir un soutien social majoritairement représenté par le père. [13]
Dans le cas de familles « monoparentales » et pour lutter contre l’isolement, « le réseau d’entraide pour les familles monoparentales » est proposé par le ministère de la famille, de l’enfance et des droits des femmes.
En 2012, il y avait 1,7 million de familles monoparentales composées de 85% de femmes. L’épuisement et les difficultés financières en font des personnes plus vulnérables à l’isolement social. [14]