Quelles sont les complications de la drépanocytose ?
Les complications aiguës comportent essentiellement les crises vaso-occlusives, le syndrome thoracique aigu, les infections.
Les crises vaso-occlusives (CVO), première cause d’hospitalisation rythment la vie des individus, prégnantes pathognomoniques de cette maladie, touchant tous les tissus et notamment le système ostéo-articulaire. Elles se caractérisent par l’irruption du symptôme douloureux, le symptôme identitaire de cette pathologie. Cette douleur est paroxystique ineffable, effroyable déstructurant, dissociative, envahissant le psychisme et meurtrissant les organes. Les crises qui sont très souvent associées à un sentiment imminent de mort.
Bien que présentes déjà chez le nourrisson, ces crises représentent un signe des plus complexes à appréhender au regard de la violence, qu’elles réfractent le corps, en raison de leur imprévisibilité avec laquelle elles le soumettent et de la variabilité du temps pendant lequel elles se déroulent (de quelques heures à quelques semaines parfois).
Les causalités de ces crises sont plurielles. Parmi les causes déclenchantes, figurent les variations de température, de pression atmosphérique, les situations de déshydratation (efforts physiques, fièvre, chaleur) et des causes psychogènes telles que les ressentis de stress, d’anxiété,….
Le syndrome thoracique aigu, première cause de mortalité chez l’adulte, favorisé par l’hypoventilation alvéolaire, engage le pronostic vital.
Les infections, parfois fulminantes : première cause de mortalité chez l’enfant. La plupart liée aux bactéries encapsulées (pneumocoques, méningocoque), mais aussi les Salmonelles (gastro-entérite,...), etc.
Les autres principales complications aiguës sont l’anémie, le priapisme, la pathologie biliaire, les séquestrations splénique et hépatique, l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui peut être massif d’emblée (concernant les SS- Sbetathal 0 et survenant avant l’âge de 10 ans), les accidents ORL (surdité brusque) et ophtalmologiques (cécité brutale), l’hémolyse post transfusionnelle.
Quant aux complications chroniques, elles comportent essentiellement :
- l’anémie chronique responsable de l’asthénie et de la dyspnée ;
- les complications d’organes : ostéo-articulaires, cardiaques, pulmonaires, hépatiques, neurologiques, ORL, ophtalmologiques, et cutanés avec les ulcères des membres inférieurs ;
- l’hémochromatose post transfusionnelle ;
- le retentissement psychologique du fait de l’absence de projection dans la vie "perso-socio-professionnelle" avec la sensation que tout ce qui est entrepris est un coup d’épée dans l’eau, et responsable de syndromes anxio-dépressifs principalement, et également de psychoses,... ;
- la douleur chronique : en raison de la répétition de la douleur aiguë (CVO) qui s’ancre dans la chronicité de l’individu et de complications chroniques douloureuses comme l’ostéonécrose, l’ulcère des membres inférieurs ;
- « la Crise identitaire » : la drépanocytose suggère des identités, des cultures, et des langages pluriels. Les patients drépanocytaires provenant de la migration sont porteurs de la maladie, mais aussi d’une histoire migratoire. Comme le relate, Agnès Lainé, les patients proviennent de communautés culturelles, linguistiques différentes, issues notamment des anciennes colonies. Ils sont souvent tiraillés entre les connaissances et les valeurs occidentales et les valeurs culturelles de leur pays d’origine.
Il est donc essentiel que les soignants s’inscrivent dans une dynamique ou un langage commun qui devra se co-construire, pour une meilleure prise en charge et compréhension des patients, ainsi qu’une adaptation des soignants. D’autant que les atteintes organiques sont de plus en fréquentes compte tenu de la population drépanocytaire vieillissante.