Typhoïde : maladie de plus en plus résistante aux antibiotiques

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Voilà revenue la saison des voyages, avec pour corollaire le retour de certaines maladies tropicales dans les pays occidentaux. Les fièvres typhoïde et paratyphoïde notamment, émergent à nouveau en Europe, après la fin des restrictions liées au COVID-19. Ces fièvres frappent bien évidemment de plein fouet les populations locales, mais les voyageurs peuvent aussi en être victimes.

Les fièvres typhoïde et paratyphoïde sont à transmission oro-fécale dans des régions à l’hygiène précaire, notamment en Asie, en Afrique ou en Amérique Latine. Il s’agit d’un problème de santé publique mondial. Les données les plus récentes font état de plus de 20 millions de cas annuels de fièvre typhoïde et paratyphoïde et de plus de 200 000 morts [1].

Chaque année en France - hormis pendant les périodes de confinement liées à la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) - 300 personnes en moyenne, de retour de voyage, sont concernées. De surcroît, une étude récente, publiée dans la revue The Lancet vient de confirmer que les bactéries responsables de la typhoïde sont de plus en plus capables de résister aux antibiotiques essentiels et que ces bactéries résistantes se sont propagées dans le monde au cours des 30 dernières années [2].

Jeune femme atteinte de fièvre typhoïde

Définition, causes, symptômes et traitements de la fièvre typhoïde

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Fièvre typhoïde, fièvre paratyphoïde ou fièvre jaune ? Maladie virale ou infection bactérienne ?

Salmonella Typhi, Salmonella Paratyphi A, Salmonella Paratyphi B,...

La fièvre typhoïde est une infection bactérienne due à des sérotypes de Salmonella, majoritairement Typhi, puis par ordre de fréquence décroissante, Paratyphi A, Paratyphi B et Paratyphi C. La bactérie pénètre dans l’organisme au niveau du système gastro-intestinal, puis passe dans la circulation sanguine par voie lymphatique.

L’infection est parfois difficile à reconnaître, en particulier au début. Elle peut être confondue avec d’autres maladies tropicales, comme la fièvre jaune, le paludisme, la dengue,.... Ce sont les examens complémentaires qui permettront de faire le diagnostic différentiel.

Globalement, la fièvre typhoïde et les fièvres paratyphoïdes sont très similaires cliniquement, la différence principale étant le fait que la fièvre typhoïde est en général plus grave. Il s’agit de maladies à déclaration obligatoire.

Comment attrape-t-on la fièvre typhoïde ?

Les patients se contaminent généralement par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par des personnes infectées. La transmission directe de personne à personne est possible. Cependant, deux petites épidémies (7 à 10 cas) en lien avec des lieux de restauration ont été identifiées à Paris en 2003 et 2006.

La source de la contamination était à chaque fois liée à la présence dans ces restaurants d’employés porteurs sains de l’infection. L’existence de porteurs sains est une particularité de la fièvre typhoïde.

Après la guérison, selon l'OMS (Organisation mondiale de la santé), 2 à 5% des personnes continuent d’héberger la bactérie, essentiellement au niveau de la vésicule biliaire, sans présenter de symptômes. A partir de ce réservoir, les bactéries sont excrétées épisodiquement dans les selles et peuvent être donc à l’origine de nouvelles infections de l’entourage [3].

Symptômes de la fièvre typhoïde

La gravité des symptômes est variable d’une personne à l’autre. Il s’agit cependant d’une affection sévère. Cela justifie, pour les voyageurs, des précautions, avant et pendant le voyage. Une à trois semaines après la contamination survient une fièvre élevée continue (39/40 °C) accompagnée de maux de tête, d'anorexie, d'abattement, de douleurs abdominales avec diarrhée ou constipation.

Certaines personnes atteintes de fièvre typhoïde ou de fièvre paratyphoïde développent une éruption de taches plates et roses. Dans certaines formes plus graves, des complications peuvent survenir, saignements digestifs, sang dans les selles, perforation intestinale et péritonite.

D’autres atteintes peuvent toucher le cœur, le cerveau, les poumons. La fièvre typhoïde peut alors être fatale en l’absence de traitement. Dans les formes moins graves, sans traitement, le patient reste malade pendant une quinzaine de jours, puis survient une période de convalescence longue de plusieurs semaines, avant la guérison [4].

Diagnostic : quels tests et quels examens faire pour savoir si on a la fièvre typhoïde ?

Il n’est pas toujours évident de faire le diagnostic clinique de la fièvre typhoïde car d’autres infections entraînent des symptômes similaires. L’hémoculture est l’examen de référence pour diagnostiquer la fièvre typhoïde dès les premiers symptômes. Cet examen nécessite parfois d’être refait plusieurs fois, car la quantité de bactéries dans le sang n’est pas très importante.

L’autre examen, la coproculture, vise à rechercher la bactérie dans les selles. Celle-ci ne peut y être détectée que 15 jours après les débuts des troubles. Le sérodiagnostic dit de Widal et Félix mis au point autrefois pour identifier les fièvres typhoïde et paratyphoïde en mettant en évidence la présence d'anticorps n’est plus utilisé dans les pays occidentaux, mais l’est encore dans certains pays d’Afrique.

Traitement contre la fièvre typhoïde

Comment traiter et soigner la fièvre typhoïde ?

Une fois le diagnostic porté, le traitement repose sur la réhydratation si nécessaire et une antibiothérapie appropriée. Celle-ci réduit nettement le risque de mortalité. Une prise en charge adaptée améliore les symptômes en quelques jours. L’hémoculture ou la coproculture suivie d’un antibiogramme, aide à sélectionner l’anti-infectieux adapté, dans le contexte actuel d’augmentation des résistances de ces bactéries aux antibiotiques.

Les fluoroquinolones et les céphalosporines de troisième génération sont des antibiotiques de choix pour traiter les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes. Cependant de plus en plus de souches résistantes aux antibiotiques sont isolées, en particulier en Asie du Sud, et dans le sous-continent Indien. Ainsi plus de 90 % des souches isolées dans ces régions ont une sensibilité diminuée aux fluoroquinolones.

Depuis 2018, des souches résistantes à la fois aux fluoroquinolones et aux céphalosporines de troisième génération ont été isolées en France métropolitaine. Originaires d’Asie du Sud, elles sont sous étroite surveillance du Centre National de Référence de l’Institut Pasteur.

Un autre antibiotique, l’azithromycine est de plus en plus utilisé dans les régions concernées. Il y a eu cependant des notifications sporadiques de résistance à l’azithromycine, mais celle-ci n’est pas encore courante [5]). Sans traitement antibiotique, la mortalité est d'environ 12% et frappe surtout les patients sous-alimentés, les nourrissons et les personnes âgées.

 

Quand et où faire le vaccin contre la fièvre typhoïde ?

Un vaccin contre la fièvre typhoïde est disponible. En France, la vaccination contre la typhoïde est obligatoire pour les militaires susceptibles d’être exposés dans le cadre de leurs missions à l’étranger.

La vaccination contre la fièvre typhoïde est également recommandée pour les voyageurs (adultes et enfants de 2 ans et plus) devant effectuer un séjour dans des zones où la bactérie est endémique et l’hygiène précaire.

Le Centre de Contrôle des maladies aux États-Unis recommande la vaccination aux personnes voyageant dans des endroits où la fièvre typhoïde est courante, comme l'Asie du Sud, en particulier l'Inde, le Pakistan ou le Bangladesh. La vaccination doit être réalisée quinze jours avant le départ en voyage. Le vaccin est administré par voie intramusculaire ou sous-cutanée.

L’immunité contre la fièvre typhoïde apparaît quinze jours environ après l’injection du vaccin. L’efficacité du vaccin est de l’ordre de 70% et dure au moins trois ans [6]. Des vaccins prometteurs de nouvelle génération avec, pour la première fois, une efficacité chez les jeunes enfants, sans événements indésirables graves sont en cours d’évaluation [7].

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Comment se protéger de la fièvre typhoïde ?

Des précautions, en particulier des précautions, alimentaires, doivent être prises lors des voyages dans les zones à risque, car les vaccins contre la fièvre typhoïde ne protègent pas à 100 %.

D’autant qu’il n'existe pas de vaccin contre la fièvre paratyphoïde. Dans les zones endémiques, il faut privilégier l'eau en bouteille ou l'eau locale bouillie, éviter les glaçons dans les boissons, ainsi que les glaces.

Les aliments doivent être bien cuits, et encore chauds et fumants, au moment de les consommer au restaurant. Il est important de se laver les mains à l'eau et au savon avant les repas. [8]

Bon à savoir

Mary Typhoïde (Typhoid Mary) : l'histoire de la fièvre typhoïde

Mary Mallon (1869-1938) est une Irlandaise émigrée aux États-Unis en 1884. Après avoir occupé divers emplois, en particulier comme domestique au service des familles aisées, elle décida de devenir entrepreneuse, en s'installant en tant que cuisinière professionnelle. [9]

Toutefois, Mary Mallon était porteuse saine de la bactérie Salmonella typhi (S. typhi), qui infecte l'appareil intestinal et le sang, et provoque la fièvre typhoïde. Surnommée "Typhoid Mary", elle était devenu synonyme de propagation de cette maladie, et a infecté de nombreuses personnes.

« Mary Mallon est née en Irlande en 1869 et émigra aux États-Unis en 1883 ou 1884. Elle fut engagée en 1906 comme cuisinière par Charles Henry Warren, un riche banquier new-yorkais, qui loua une résidence à Oyster Bay sur la côte nord de Long Island pour l'été. Du 27 août au 3 septembre, 6 des 11 personnes présentes dans la maison souffraient de fièvre typhoïde. A cette époque, la fièvre typhoïde était encore mortelle dans 10 % des cas et touchait principalement les personnes démunies des grandes villes. Cette année-là, environ 3 000 New-Yorkais avaient été infectés par Salmonella typhi , et Mary était probablement la principale raison de l'épidémie. L'immunisation contre Salmonella typhi n'a été développée qu'en 1911 et le traitement antibiotique n'a été disponible qu'en 1948. Ainsi, une source dangereuse comme Mary devait être maîtrisée. »

Placée en quarantaine à deux reprises sur l'île North Brother (États-Unis), elle y passera tout le reste de sa vie et jusqu'à sa mort.

Sources

  1. Rapport d’activité annuel 2019. Année d’exercice 2018. https://www.pasteur.fr/
  2. da Silva KE, Tanmoy AM, Pragasam AK, Iqbal J, Sajib MSI, Mutreja A, Veeraraghavan B and al, The international and intercontinental spread and expansion of antimicrobial-resistant Salmonella Typhi: a genomic epidemiology study. Lancet Microbe. 2022 June. 21:S2666-5247(22)00093-3. doi: 10.1016/S2666-5247(22)00093-3. https://www.thelancet.com/
  3. OMS (Organisation Mondiale de la Santé), 2018. Normes de surveillance des maladies évitables par la vaccination. Fièvre typhoïde et autres salmonelloses invasives. https://www.who.int/
  4. Fièvres typhoïde et paratyphoïde. Maladies à prévention vaccinale. https://www.santepubliquefrance.fr/
  5. OMS, Typhoïde, principaux faits, 21 janvier 2018. https://www.who.int/
  6. InfoVac. https://www.infovac.fr/
  7. The Lancet Global Health. A bright future in typhoid vaccines. Lancet Glob Health. 2021 Dec;9(12):e1623. doi: 10.1016/S2214-109X(21)00520-9. https://www.thelancet.com/
  8. Updated recommendations for the use of the typhoid vaccine—advisory committee on immunization practices, United States, 2015. MMWR  Jackson BR, Iqbal S, Mahon B. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2015 Mar; 64(11): p. 305–308. https://www.cdc.gov/
  9. Marineli F, Tsoucalas G, Karamanou M, Androutsos G. Mary Mallon (1869-1938) and the history of typhoid fever. Ann Gastroenterol. 2013;26(2):132-134. PMID: 24714738; PMCID: PMC3959940. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/
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