La prescription d’antibiotiques est au cœur d’un problème de santé publique majeur. En effet, depuis quelques années et l’émergence de bactéries résistantes à la quasi-totalité des antibiotiques du marché, les prescripteurs se retrouvent parfois devant des impasses thérapeutiques dramatiques.
Pour limiter ces résistances aux antibiotiques, la prévention par un encadrement strict des prescriptions est de mise. Cependant, et même pour des prescripteurs avisés, il n’est pas toujours aisé d’éliminer une hypothèse d’infection bactérienne et donc de ne pas débuter un traitement par antibiotiques.
Les auteurs de l’étude ProACT, publiée le 20 mai 2018 dans le New England Journal of Medicine, se sont intéressés à cette problématique.
Leur objectif principal a été de déterminer s’il existait une diminution de prescription d’antibiotiques lors de l’utilisation de la procalcitonine (PCT) chez des patients hospitalisés pour une infection respiratoire basse.
La PCT est un marqueur en faveur d’une infection bactérienne dont la cinétique varie parallèlement à l’intensité de l’infection (un traitement antibiotique est recommandé si la mesure de la PCT est supérieure à 0,25 µg/L).
Dans cet essai multicentrique, contrôlé, randomisé, 1 664 patients ont été inclus alors qu’ils se présentaient aux urgences avec une suspicion d’infection respiratoire basse et un doute sur la nécessité d’introduction d’une antibiothérapie (avec donc une indication de mesure de la PCT, systématique en pratique habituelle).
Le critère de jugement principal a été le nombre total de jours avec antibiothérapie selon les résultats de la mesure de la PCT (groupe PCT avec indication à un traitement antibiotique si PCT > 0,25 µg/L versus prise en charge habituelle).
Les résultats ne trouvent pas, au trentième jour, de différence significative entre les deux groupes concernant le nombre de jours sans antibiotiques (en moyenne 4,2 jours dans le groupe PCT versus 4,3 jours dans le groupe prise en charge habituelle soit une différence de - 0,05).
Malgré certaines limites (dont principalement la faible proportion de patients avec une PCT > 0,25 µg/L : moins de 10 %) cette étude remet en question l’intérêt de la mesure de la PCT dans la stratégie de prescription des antibiotiques en routine. De nouvelles études seront donc nécessaires pour approfondir ces résultats.
Sources
Huang DT, et al.; ProACT Investigators. Procalcitonin-Guided Use of Antibiotics for Lower Respiratory Tract Infection N Engl J Med. 2018 May 20. doi: 10.1056/NEJMoa1802670. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29781385/