Dans le cadre de cette étude de cohorte interventionnelle [1], les auteurs se sont intéressés à l’impact de l’ibuprofène ex vivo sur des ovaires fœtaux entre sept et douze SA de développement.
Entre octobre 2013 et juin 2017, 185 échantillons d’ovaires fœtaux obtenus après une interruption volontaire de grossesse ont été inclus.
Le passage placentaire de l’ibuprofène a été confirmé par sa mise en évidence dans le cordon ombilical des fœtus dont les mères avaient reçu l’antalgique en prévention des douleurs de l’avortement.
Les fragments d’ovaires ont été exposés à des concentrations différentes d’ibuprofène (1-10-100 µM [µmol/l]), plus ou moins longtemps (2-4-7 jours). Un échantillon témoin placé dans un milieu de culture dépourvu d’ibuprofène a été associé à chacun de ces fragments.
On a observé, dans les cultures avec ibuprofène à 10 µM pendant 7 jours, une diminution de 50 % en moyenne du nombre de cellules ovariennes, quel que soit l’âge gestationnel (p < 0,05 à 7-10 SA et p < 0,0001 à 10-12 SA), ainsi qu’une diminution de la prolifération et de la viabilité cellulaire avec une augmentation de l’apoptose (p = 0,007 à 7 SA et p < 0,001 à 8-12 SA).
Les cellules plus spécifiquement touchées ont été les cellules germinales ovariennes, identifiées par certains marqueurs (LIN 28, M2A) dont l’expression a diminué après exposition à l’ibuprofène 10 µM (p = 0,038 à 7 SA et p < 0,001 à 8-12 SA).
Enfin, les effets délétères induits par l’ibuprofène 10 µM sont survenus à très court terme (dès 2 jours de culture à 8-12 SA avec p = 0,00058 et après 4 jours à 7 SA avec p = 0,028) et il n’a pas été observé de récupération significative après cinq jours d’arrêt de l’ibuprofène.