Le stress est un défi omniprésent dans notre société moderne. Comme nous le constatons au quotidien, autant dans la vie professionnelle que personnelle, nous interagissons régulièrement avec d'autres sous l'influence du stress. Régulièrement cité dans des études comme l’une des causes de certaines pathologies, le stress nécessite une attention particulière, puisqu’il serait notamment en cause dans le renforcement de l’infertilité ou encore de l’infarctus.
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Psychoneuroendocrinology (volume 43, pages 95-104), vient compléter la littérature médicale sur un aspect plus sociologique du stress. Les résultats de cette étude suggèrent que les femmes seraient plus flexibles envers elles-mêmes et les autres en situation de stress, que les hommes.
Avec le stress, les hommes deviendraient plus égoïstes que les femmes
Selon cette étude, réalisée en collaboration par des chercheurs Italiens (École internationale d'études avancées de Trieste, SISSA), Autrichiens (Unité de neurosciences cognitives sociales de l'Université de Vienne) et Suisses (Université de Fribourg), les hommes stressés (en situation de stress) ont tendance à devenir plus autocentré, moins capables de distinguer leurs propres émotions et les intentions d'autres personnes.
Pour les femmes, ce serait exactement l’inverse. Le stress est un problème qui nous hante tous les jours, et il pourrait donc non seulement être nuisible pour notre santé, mais aussi nos relations avec les autres, surtout pour les hommes. Alors que les femmes auraient un comportement prosocial (comportement d'aide dirigé vers autrui).
Il y a une limite subtile entre la capacité à s’identifier aux autres et de comprendre leur point de vue - et donc être empathique - et l'incapacité de distinguer « soi » et « l'autre », en agissant ainsi de façon égocentrique, soulignent les chercheurs. Pour être vraiment empathique et se comporter de manière prosociale, il est important de maintenir la capacité à distinguer « soi » et « l'autre », et le stress semble jouer un rôle important dans ce domaine, explique Giorgia Silani, auteure principale de l’étude.
Le stress est un mécanisme psychobiologique qui peut avoir une fonction positive : elle permet aux individus de recruter des ressources supplémentaires lorsqu'ils sont confrontés à une situation particulièrement exigeante.
Les individus peuvent faire face au stress de deux façons : en essayant de réduire la charge interne des ressources « supplémentaires » utilisées, ou plus simplement, en cherchant un soutien extérieur. L’hypothèse de départ de l’étude est que les individus ont tendance à devenir plus égocentriques en situation de stress. Et une perspective égocentrique réduit la charge émotionnelle et cognitive. Les chercheurs s’attendaient à ce que dans les conditions expérimentales les gens soient moins empathiques.
La surprise a été que l’hypothèse de départ était bien vraie, mais seulement pour les hommes. Dans les expériences, les conditions de stress modérées ont été créés dans le laboratoire (par exemple, les sujets devaient effectuer des tâches comme parler en public ou des tâches calcul mental, etc.).
Les participants devaient ensuite imiter certains mouvements, puis reconnaître leurs propres émotions ou celles d'autres personnes, ou faire un jugement en prenant le point de vue d'une autre personne (état cognitif). La moitié de l'échantillon d'étude étaient des hommes, et l'autre moitié était des femmes. « Ce que nous observons, c'est que le stress aggrave la performance des hommes dans les trois types de tâches. Alors que c’est l'inverse pour les femmes », signale Giorgia Silani.
Les raisons de cette différence ne sont pas encore totalement claires. Cependant, une hypothèse serait liée à la mise en œuvre de la part des femmes, des stratégies sociales en cas de besoin et d'aide, et donc en situation de stress.
Contrairement aux hommes qui deviennent plus autocentrés et égoïstes, et adoptent une perspective centrée sur eux-mêmes dans un moment de stress.
Une autre hypothèse serait d'un point de vue biologique. La différence de réponse entre les hommes et les femmes dans les situations de stress serait en rapport direct avec l’ocytocine. En effet, cette hormone est liée à des comportements sociaux qui, dans des situations de stress, a des concentrations beaucoup plus élevées chez les femmes que chez les hommes.