La France est équipée d'un peu plus de 5 000 lits en réanimation, selon les dernières données SAE (Statistique annuelle des établissements de santé) diffusées par le ministère de la santé.
Épisode 5 - La réserve de lits de réanimation du secteur privé hospitalier [5/5]
Des lits indispensables dans le cadre de l'accueil des patients Covid positifs
Le secteur privé hospitalier compte 1 002 cliniques privées à but lucratif et 680 structures privées à but non lucratif, dont 21 centres de lutte contre le cancer mais seulement 66 entités pour 753 lits de réanimation autorisés.
Toutefois, la répartition de ces lits de réanimation est inégale dans les départements français comme le démontre la carte de France des lits de réanimation du secteur privé (à télécharger).
Cette carte met en évidence le nombre de lits dédiés à la «réanimation adulte» dans chaque département à savoir la capacité théorique départementale qu'il faudra au minimum doubler face à la déferlante de malades infectés par le coronavirus. Ces lits sont indispensables dans le cadre de l'accueil des patients en renfort du secteur public car si le plus grand nombre de cas ne nécessite pas d'être hospitalisé en réanimation, ces lits sont essentiels à la prise en charge des cas les plus graves notamment du fait de leur équipement en appareils respiratoire.
Carte de France des lits de réanimation du secteur privé
Carte de france des lits de réanimation du secteur privé
753 lits de réanimation dans le secteur privé hospitalier
567 lits de soins intensifs et 1136 lits de surveillance continue viennent en renfort des 753 lits de réanimation du secteur privé hospitalier.
Les 753 lits de réanimation autorisés ne représentent pas l'intégralité des capacités du secteur privé hospitalier pour les patients atteints de forme grave de Covid-19 ou à risque de formes sévères (personnes âgées de 70 ans et plus, antécédents cardio-vasculaires, diabétiques insulinodépendants, etc.). Ils sont renforcés par 567 lits de soins intensifs et 1136 lits de surveillance continue
Face à l'épidémie de Covid-19, le secteur privé devrait également être en mesure d'augmenter sensiblement la capacité en lits de réanimation pour patients en état grave par transformation de lits (salle de surveillance post-interventionnelle, lits de surveillance continue,...).
Quel est le point commun des activités de réanimation, de soins intensifs et de surveillance continue ?
Le code de la santé publique définit ces activités soumises à autorisation (décrets du 5 avril 2002 et du 24 janvier 2006) : la continuité de la surveillance et des soins 24 heures sur 24 en est le point commun [1].
Les unités de réanimation doivent être aptes à prendre en charge des patients présentant ou susceptibles de présenter plusieurs défaillances viscérales aiguës circulatoires, rénales et respiratoires, mettant en jeu leur pronostic vital.
Les unités de soins intensifs ont vocation à prendre en charge les défaillances viscérales liées à une seule spécialité d'organe.
Les unités de surveillance continue prennent en charge les patients dont l'état et le traitement font craindre la survenue d'une ou plusieurs défaillances vitales nécessitant d'être monitorés ou dont l'état, au sortir d'une ou plusieurs défaillances vitales, est trop sévère ou instable pour permettre un retour dans une unité d'hospitalisation classique.
Toutes les chambres d'une unité de réanimation comportent un ventilateur de réanimation [respirateur, NDLR] par lit.
L'autre avantage d'une unité de réanimation est la présence permanente d’une importante équipe médicale sur place avec un équivalent temps plein médical pour 4 lits installés de réanimation et 2 infirmières pour 5 patients.
Il ne faut pas pour autant négliger l'avantage pour un établissement de santé de disposer d'une unité de surveillance continue et/ou d'une unité de soins intensifs même les normes en équipements et en ressources humaines sont moins contraignantes que pour la réanimation.
Si des niveaux de prise en charge de patients "lourds" devaient être définies : la surveillance continue serait le niveau 1, les soins intensifs le niveau 2 et la réanimation le niveau 3.
Tout le secteur privé est sur le pont !
En première ligne, les 1 300 hôpitaux du secteur public peuvent compter sur le soutien de 1 700 établissements de soins du secteur privé (commercial ou non lucratif) que ce soient des hôpitaux, cliniques, établissements de soins de suite et de réadaptation. Mais au-delà de ces 1 700 entités, le secteur hospitalier privé viendra particulièrement en renfort grâce à sa capacité de 753 lits de réanimation, 567 lits de soins intensifs et 1136 lits de surveillance continue et notamment dans les zones débordées comme dans le Grand-Est, l'Ile de France ou les Hauts de france, régions les plus touchées par le Covid-19.
Pour mémoire, l'ensemble des établissements privés de France ont freiné leurs activités depuis deux semaines afin de pouvoir renforcer les hôpitaux publics avec des déprogrammations d'interventions chirurgicales non urgentes et en se limitant à une activité ordinaire indispensable, en particulier l'accueil des urgences, la traumatologie, les infarctus...
Seuls les centres anticancéreux sont exemptés (et on le comprend aisément) dans cette course effrénée aux lits dans les services de réanimation pour faire face à l'afflux de patients.
Un secteur privé mobilisé en attente
Le secteur privé est mobilisé mais les patients n'affluent que depuis quelques jours.
"Concentrer tous les patients dans les hôpitaux publics jusqu'à les saturer, et ensuite faire appel au privé est la mauvaise tactique", déclarait récemment Thierry Chiche, président exécutif du groupe Elsan à franceinfo.
Marie-Sophie Desaulle, la présidente de la FEHAP (Fédération des Etablissements Hospitaliers et d'Aide à la Personne Privés Non Lucratifs) rappellait à propos des SAMU : "Ils ont l'habitude de travailler avec les urgences des hôpitaux publics. Assez naturellement, ils envoient d'abord les patients là-bas."
Mais le véritable enjeu n'est pas uniquement le nombre de lits de réanimation mobilisables !
Encore faut-il que les établissements de santé privé puissent avoir suffisamment de respirateurs, de personnel médical formé, d'équipements de protection voire de médicaments anesthésiants comme le propofol ou le curare pour faciliter l'intubation trachéale et dont la pénurie est annoncée pour les jours à venir...