Comment améliorer sa condition physique malgré l'obésité ?

L'obésité constitue un défi majeur de santé publique mondial, avec une prévalence qui ne cesse d'augmenter. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, plus de 650 millions d'adultes souffraient d'obésité en 2016, représentant environ 13% de la population adulte mondiale [1]. Définie par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30 kg/m², l'obésité est associée à de nombreuses comorbidités, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, certains cancers et des troubles musculo-squelettiques. Pourtant, malgré ces risques accrus, l'amélioration de la condition physique demeure un objectif atteignable et fondamental pour les personnes en situation d'obésité.

Comment améliorer sa condition physique malgré l'obésité ?

L'activité physique régulière représente un pilier essentiel dans la gestion de l'obésité et l'amélioration de la santé globale. Des études démontrent que l'exercice physique adapté peut réduire significativement les risques de mortalité et de morbidité chez les personnes obèses, et ce, même en l'absence de perte de poids substantielle [2]. Ce phénomène, parfois appelé le "paradoxe de l'obésité en bonne forme physique", souligne l'importance cruciale de la condition physique au-delà du simple poids corporel.

Cependant, entreprendre et maintenir une activité physique régulière présente des défis particuliers pour les personnes obèses. Les contraintes biomécaniques, les limitations fonctionnelles, la fatigue précoce et la stigmatisation sociale constituent autant d'obstacles potentiels. Ces barrières nécessitent une approche spécifique, progressive et multidimensionnelle pour être surmontées efficacement.

Cet article propose d'explorer en profondeur les stratégies permettant d'améliorer la condition physique malgré l'obésité. Nous examinerons d'abord les défis physiologiques et psychologiques spécifiques auxquels sont confrontées les personnes obèses. Ensuite, nous présenterons les activités physiques particulièrement adaptées à cette population et leurs bénéfices. La troisième partie abordera l'élaboration d'un programme d'entraînement progressif et sécuritaire. Nous analyserons ensuite l'importance d'une approche multidisciplinaire. Enfin, nous explorerons les stratégies motivationnelles et de maintien à long terme, essentielles pour pérenniser les bénéfices obtenus.

Comprendre les défis physiologiques et psychologiques liés à l'obésité

CLIQUEZ ICI POUR DEMANDER UN DEVIS GRATUIT
CLIQUEZ ICI POUR DEMANDER UN DEVIS GRATUIT

 

La pratique d'une activité physique régulière pour les personnes en situation d'obésité présente des défis spécifiques qu'il est essentiel de comprendre pour élaborer des stratégies adaptées. Sur le plan biomécanique, l'excès de poids impose une charge supplémentaire considérable sur l'appareil locomoteur. Chaque pas génère un impact pouvant atteindre jusqu'à trois fois le poids corporel au niveau des articulations portantes, notamment les genoux et les hanches. Cette contrainte mécanique accrue peut provoquer des douleurs articulaires, limiter l'amplitude des mouvements et augmenter le risque de blessures musculo-squelettiques [1]. Les modifications posturales fréquemment observées, comme l'hyperlordose lombaire ou le genu valgum, accentuent davantage ces contraintes biomécaniques et peuvent entraver la réalisation correcte de certains mouvements.


Sur le plan cardio-respiratoire, l'obésité entraîne généralement une diminution de la capacité fonctionnelle. L'augmentation du tissu adipeux thoracique réduit la compliance de la cage thoracique et le volume pulmonaire, tandis que l'élévation du diaphragme par la graisse abdominale limite l'expansion pulmonaire. Ces modifications anatomiques conduisent à une augmentation du travail respiratoire, même au repos, et à un essoufflement précoce à l'effort [3]. Par ailleurs, l'inefficience métabolique associée à l'obésité entraîne une consommation d'oxygène plus élevée pour un même niveau d'activité comparativement aux personnes de poids normal. La fatigue survient donc plus rapidement, ce qui peut décourager la poursuite de l'effort et réduire l'adhésion aux programmes d'exercices.


Les défis psychologiques représentent également un obstacle majeur. La stigmatisation liée au poids, omniprésente dans notre société, peut générer anxiété et appréhension face aux environnements d'exercice traditionnels comme les salles de sport. L'exposition du corps, les regards perçus comme jugeants ou les commentaires inappropriés constituent autant de facteurs dissuasifs. Une enquête menée auprès de 1,490 femmes en situation d'obésité a révélé que 64% d'entre elles rapportaient avoir été victimes de stigmatisation dans des contextes d'activité physique, cette expérience étant significativement corrélée à l'évitement de l'exercice et à une diminution de la motivation [3].


L'image corporelle négative et la faible auto-efficacité perçue face à l'exercice représentent d'autres barrières psychologiques notables. Les expériences antérieures négatives, les échecs répétés dans les tentatives de perte de poids ou le sentiment d'incompétence peuvent éroder la confiance en ses capacités à entreprendre et maintenir une activité physique. Ce phénomène s'inscrit dans un cercle vicieux où l'inactivité renforce le sentiment d'incompétence, qui à son tour alimente l'évitement de l'exercice.

 

Les perceptions erronées concernant l'activité physique constituent également un frein important. De nombreuses personnes obèses considèrent à tort que l'exercice doit être intense et douloureux pour être efficace, ou que la perte de poids significative doit précéder l'amélioration de la condition physique. Ces croyances limitantes peuvent entraver l'engagement dans un programme d'activité physique adaptée.
La compréhension approfondie de ces défis spécifiques souligne la nécessité d'une approche individualisée, progressive et bienveillante. Reconnaître ces obstacles constitue la première étape pour développer des stratégies efficaces permettant aux personnes obèses d'améliorer leur condition physique de manière sécuritaire et durable.

Les activités physiques recommandées et leurs bénéfices

Le choix d'activités physiques adaptées constitue un facteur déterminant dans la réussite d'un programme d'amélioration de la condition physique pour les personnes obèses. Certaines modalités d'exercice s'avèrent particulièrement appropriées en raison de leur faible impact articulaire, de leur accessibilité et de leurs bénéfices spécifiques.


Les activités aquatiques figurent parmi les recommandations privilégiées pour cette population. La poussée d'Archimède réduit considérablement l'impact sur les articulations portantes, permettant une liberté de mouvement souvent impossible en milieu terrestre. Une étude randomisée contrôlée menée sur 12 semaines a comparé un programme d'aquagym à une intervention d'exercices terrestres chez des femmes obèses (IMC moyen de 34 kg/m²). Les résultats ont démontré une amélioration comparable de la capacité cardiorespiratoire dans les deux groupes, mais une réduction significativement plus importante des douleurs articulaires et une meilleure adhésion au programme dans le groupe aquatique [2]. Au-delà de l'aquagym, la natation, l'aquajogging ou même la simple marche en eau profonde constituent des options intéressantes. La résistance de l'eau offre également un stimulus musculaire modulable en fonction de la vitesse d'exécution, permettant un renforcement efficace sans équipement supplémentaire.


La marche représente une autre activité fondamentale, accessible et hautement recommandée. Son intensité peut être facilement ajustée en modifiant la vitesse, l'inclinaison ou la durée. Pour minimiser l'impact articulaire, la marche sur tapis roulant, sur surfaces souples comme l'herbe ou le sable, ou l'utilisation de chaussures adaptées avec amortissement peuvent être conseillées. L'introduction de bâtons de marche nordique engage davantage le haut du corps, augmente la dépense énergétique d'environ 20% et améliore la stabilité, réduisant ainsi la charge sur les membres inférieurs. Une méta-analyse incluant 25 études et 1,189 participants obèses a démontré qu'un programme de marche de 12 semaines permettait d'améliorer significativement la capacité cardiorespiratoire, de réduire la pression artérielle et d'augmenter la sensibilité à l'insuline, indépendamment des modifications du poids corporel [4].


Le renforcement musculaire adapté constitue un complément essentiel à ces activités d'endurance. L'augmentation de la masse musculaire améliore le métabolisme de base, la sensibilité à l'insuline et la capacité fonctionnelle globale. Pour les personnes obèses débutantes, les exercices peuvent être initialement réalisés assis ou avec support, en privilégiant les mouvements multi-articulaires à poids de corps ou avec résistance légère. Les appareils guidés offrent une alternative sécuritaire en stabilisant le mouvement et en réduisant le risque de blessure. Une progression graduelle vers des exercices fonctionnels plus complexes peut ensuite être envisagée selon les capacités individuelles.


Les activités de souplesse et de mobilité, comme le yoga adapté ou les étirements, méritent également une attention particulière. Ces pratiques améliorent l'amplitude articulaire souvent restreinte chez les personnes obèses, facilitent l'exécution des gestes quotidiens et contribuent à réduire les tensions musculaires. Des adaptations spécifiques, comme l'utilisation de blocs, de sangles ou de chaises, permettent d'ajuster les postures aux contraintes morphologiques. Une étude pilote sur le "yoga pour tous" spécifiquement conçu pour les personnes en surpoids a démontré non seulement des améliorations fonctionnelles mais également une réduction significative des symptômes anxio-dépressifs et une meilleure image corporelle [4].


Les bénéfices de ces activités physiques adaptées dépassent largement le cadre de la perte de poids. L'amélioration de la capacité cardiorespiratoire réduit significativement le risque cardiovasculaire, même en l'absence de modification pondérale. L'augmentation de la force musculaire facilite les activités quotidiennes et prévient la sarcopénie fréquemment associée aux régimes restrictifs. Sur le plan métabolique, l'exercice régulier améliore la sensibilité à l'insuline et le profil lipidique, atténuant ainsi plusieurs comorbidités associées à l'obésité.


L'intégration progressive de ces différentes modalités d'exercice dans un programme individualisé permet d'optimiser les bénéfices tout en minimisant les risques, constituant ainsi une approche holistique pour l'amélioration de la condition physique des personnes obèses.

Élaboration d'un programme d'entraînement progressif et sécuritaire

La conception d'un programme d'entraînement adapté aux personnes obèses requiert une méthodologie rigoureuse, centrée sur la sécurité, la progressivité et l'individualisation. L'évaluation initiale constitue une étape préliminaire indispensable pour établir un point de départ approprié et identifier d'éventuelles contre-indications. Cette évaluation devrait systématiquement inclure une consultation médicale approfondie, particulièrement pour les personnes présentant des comorbidités associées à l'obésité. Un électrocardiogramme d'effort peut être recommandé pour détecter d'éventuelles anomalies cardiaques à l'effort, fréquentes mais souvent asymptomatiques dans cette population [3]. L'évaluation fonctionnelle complémentaire permet d'objectiver les capacités actuelles en termes de force, d'endurance, de souplesse et d'équilibre. Des tests simples comme le test de marche de 6 minutes, l'évaluation de la force de préhension ou le test assis-debout peuvent fournir des données précieuses tout en minimisant les risques.


Le principe de progressivité revêt une importance capitale dans cette population. La stratégie des "petits pas" s'avère particulièrement pertinente, avec une augmentation très graduelle des paramètres d'entraînement. Le modèle FITT-VP (Fréquence, Intensité, Temps, Type, Volume, Progression) offre un cadre structuré pour planifier cette évolution. Concernant la fréquence, l'initiation peut débuter avec deux séances hebdomadaires, pour progressivement atteindre l'objectif recommandé de 3 à 5 sessions. L'intensité devrait être initialement modérée, correspondant à environ 40-50% de la fréquence cardiaque de réserve ou un niveau de 3-4 sur l'échelle de perception de l'effort de Borg (0-10). La durée des sessions peut commencer modestement, avec 10 à 15 minutes d'activité effective, possiblement fragmentée en plusieurs créneaux de 5 minutes si nécessaire, pour progressivement atteindre 30 à 60 minutes continues [5].


L'alternance et la complémentarité des types d'activités contribuent à optimiser les bénéfices tout en prévenant la monotonie et le surmenage. Un programme équilibré pourrait inclure 2-3 séances hebdomadaires d'activités d'endurance (marche, natation, vélo stationnaire), 1-2 séances de renforcement musculaire et 1-2 sessions dédiées à la souplesse et à la mobilité. Cette diversification sollicite différents systèmes physiologiques et groupes musculaires, réduisant ainsi le risque de blessures par surmenage.


La périodisation de l'entraînement, concept traditionnellement appliqué aux sportifs, trouve également sa pertinence dans cette population. L'alternance planifiée de phases d'intensification progressive et de récupération relative (3-4 semaines de progression suivies d'une semaine de consolidation à intensité réduite) optimise les adaptations physiologiques tout en prévenant le surentraînement. Cette approche cyclique favorise également la motivation en créant des objectifs intermédiaires atteignables.


La sécurisation de la pratique nécessite des adaptations spécifiques. L'échauffement doit être particulièrement progressif et prolongé (10-15 minutes) pour préparer adéquatement le système cardiovasculaire et les structures musculo-tendineuses. Une attention particulière aux techniques d'exécution et à la posture permet de minimiser les contraintes biomécaniques excessives. L'utilisation d'équipements adaptés (chaussures avec amorti renforcé, vélos avec selles élargies, vêtements techniques évacuant efficacement la transpiration) contribue également à la sécurité et au confort.


Le suivi et l'ajustement régulier du programme constituent des éléments déterminants de son efficacité. L'auto-surveillance à travers des journaux d'entraînement, complétée par des évaluations périodiques (tous les 1-2 mois), permet d'objectiver les progrès et d'ajuster les paramètres d'entraînement en conséquence. Cette réévaluation régulière doit considérer non seulement les indicateurs de performance, mais également les sensations subjectives, la fatigue résiduelle et la motivation.


La prévention des blessures, préoccupation majeure chez les personnes obèses, repose sur plusieurs stratégies complémentaires. La règle du "no pain" doit prévaloir sur le traditionnel "no pain, no gain", en distinguant clairement l'inconfort lié à l'effort de la douleur potentiellement pathologique. L'introduction de jours de récupération active entre les séances intenses et l'attention portée aux signaux d'alerte (douleurs articulaires persistantes, fatigue excessive, troubles du sommeil) permettent d'ajuster le programme avant l'apparition de blessures significatives.


Cette approche méthodique, progressive et individualisée constitue le fondement d'un programme d'entraînement efficace et durable pour les personnes obèses, conciliant optimisation des bénéfices et minimisation des risques.

L'importance de l'approche multidisciplinaire

L'amélioration durable de la condition physique des personnes obèses nécessite une approche holistique dépassant le simple cadre de l'exercice. L'intégration coordonnée de différentes disciplines complémentaires optimise les résultats et pérennise les changements comportementaux. Cette synergie multidisciplinaire s'articule autour de plusieurs axes fondamentaux.


Le suivi médical régulier constitue la pierre angulaire de cette approche. Au-delà de l'évaluation initiale, un accompagnement médical périodique permet d'ajuster le programme en fonction de l'évolution des paramètres physiologiques et des éventuelles comorbidités. Le médecin, idéalement spécialisé en médecine du sport ou en endocrinologie, supervise la sécurité globale de la démarche et peut prescrire des examens complémentaires ciblés selon les besoins individuels. Une méta-analyse incluant 23 études a démontré que l'implication directe du médecin dans la prescription d'exercice augmentait de 23% l'adhésion à long terme aux programmes d'activité physique chez les personnes obèses [4]. Cette légitimation médicale de l'exercice comme "traitement" renforce significativement sa perception d'importance aux yeux du patient.


L'accompagnement nutritionnel personnalisé constitue un complément indissociable de l'activité physique. Contrairement aux approches restrictives traditionnelles, la nutrition du sportif adaptée aux personnes obèses vise principalement à optimiser la performance et la récupération, plutôt qu'à maximiser la perte pondérale. Le diététicien spécialisé peut élaborer des stratégies d'alimentation périphérique à l'exercice (pré, per et post-entraînement) adaptées aux spécificités métaboliques de l'obésité. L'apport protéique suffisant (1,2-1,6 g/kg de poids corporel ajusté), la chronologie optimale des apports glucidiques et l'hydratation adéquate constituent des aspects prioritaires de cet accompagnement. Une étude randomisée contrôlée comparant un programme d'exercice seul à un programme combinant exercice et accompagnement nutritionnel a démontré une amélioration significativement supérieure des capacités cardiorespiratoires (+24% vs +17%) et de la composition corporelle dans le groupe bénéficiant de l'approche combinée [5].


Le soutien psychologique représente un troisième pilier fondamental, souvent négligé mais déterminant pour l'adhésion à long terme. Les techniques cognitivo-comportementales ont démontré leur efficacité pour surmonter les barrières psychologiques spécifiques à l'exercice chez les personnes obèses. Le travail sur l'image corporelle, la restructuration cognitive des croyances limitantes concernant l'activité physique et le développement de stratégies d'adaptation face à la stigmatisation constituent des axes d'intervention pertinents. L'entretien motivationnel, en particulier, offre un cadre propice à l'exploration des ambivalences et au renforcement de la motivation intrinsèque, plus pérenne que les motivations extrinsèques comme la perte de poids.


L'intégration sociale de l'activité physique peut également être facilitée par des professionnels spécialisés comme les éducateurs médico-sportifs ou les associations dédiées. Les programmes d'exercice en groupe homogène (réunissant des personnes partageant des caractéristiques et défis similaires) créent un environnement sécurisant psychologiquement, favorable au développement du sentiment d'appartenance et de compétence. Ces structures permettent également l'apprentissage vicariant par l'observation de pairs progressant malgré des difficultés comparables. Une analyse de cohorte longitudinale sur 18 mois a démontré que l'intégration à un groupe d'activité physique adaptée multipliait par 3,8 la probabilité de maintien de la pratique régulière chez les personnes obèses, comparativement à une pratique individuelle [5].


La coordination efficace entre ces différents professionnels représente un défi organisationnel mais s'avère déterminante pour la cohérence et l'efficacité globale de l'intervention. Les réseaux sport-santé, les centres spécialisés dans la prise en charge de l'obésité ou les maisons sport-santé constituent des structures favorisant cette articulation multidisciplinaire. L'utilisation d'outils numériques partagés (carnets de suivi électroniques, plateformes collaboratives) facilite la communication interprofessionnelle et la centralisation des informations pertinentes.


Cette approche multidisciplinaire, bien que plus complexe à mettre en œuvre qu'une simple prescription d'exercice isolée, génère des bénéfices supérieurs et plus durables. Elle permet d'adresser simultanément les multiples facteurs interagissant dans la problématique de l'obésité et de l'inactivité physique, créant ainsi un environnement propice au changement comportemental durable.

Stratégies motivationnelles et maintien à long terme

CLIQUEZ ICI POUR DEMANDER UN DEVIS GRATUIT
CLIQUEZ ICI POUR DEMANDER UN DEVIS GRATUIT

 

Le maintien d'une activité physique régulière représente un défi majeur pour la population générale, et plus particulièrement pour les personnes obèses. Environ 50% des individus abandonnent leurs programmes d'exercice dans les six premiers mois, ce taux atteignant 80% dans certaines études spécifiques à l'obésité [3]. Au-delà de l'initiation à l'activité physique, l'enjeu fondamental réside donc dans la pérennisation de ces comportements. Diverses stratégies motivationnelles, ancrées dans les théories du changement comportemental, peuvent significativement améliorer l'adhésion à long terme.


La fixation d'objectifs constitue une stratégie fondamentale, mais nécessite une méthodologie spécifique pour les personnes obèses. L'application du modèle SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste et Temporellement défini) doit s'accompagner d'une attention particulière à la nature des objectifs fixés. Les objectifs de processus (par exemple, "marcher 30 minutes trois fois par semaine") s'avèrent généralement plus motivants que les objectifs de résultats ("perdre 10 kg"), car ils restent sous le contrôle direct de l'individu et génèrent des succès réguliers. La hiérarchisation en objectifs à court, moyen et long terme crée un "échafaudage motivationnel" facilitant la progression. Une étude interventionnelle a démontré que les personnes obèses formées à la fixation d'objectifs adaptés présentaient un taux d'adhésion au programme d'exercice supérieur de 27% après 12 mois, comparativement au groupe contrôle [4].


Le suivi des progrès représente un levier motivationnel puissant, à condition de diversifier les indicateurs au-delà de la simple mesure du poids. L'évaluation régulière des capacités fonctionnelles (distance parcourue en 6 minutes, nombre de montées d'escalier sans essoufflement), des paramètres physiologiques (fréquence cardiaque de récupération, tension artérielle) ou des dimensions psychologiques (qualité du sommeil, niveau d'énergie, humeur) offre une vision plus complète et valorisante des bénéfices obtenus. La visualisation de ces progrès à travers des graphiques, tableaux ou journaux structurés renforce le sentiment d'auto-efficacité, prédicteur majeur du maintien de l'activité physique.


Les technologies numériques peuvent faciliter ce suivi tout en ajoutant une dimension ludique et interactive. Les applications dédiées, montres connectées ou podomètres fournissent des retours immédiats et objectifs sur l'activité réalisée. Les systèmes intégrant des éléments de "gamification" (défis, badges, classements) ou de réalité augmentée (comme Pokemon Go) ont démontré leur efficacité pour maintenir l'engagement, particulièrement chez les personnes initialement peu motivées par l'exercice traditionnel. Une méta-analyse récente incluant 12 études sur l'utilisation d'objets connectés chez les personnes obèses a révélé une augmentation moyenne de 23% du niveau d'activité physique quotidien sur une période de 6 mois [5].


La gestion des rechutes constitue un aspect crucial souvent négligé. Les interruptions temporaires de pratique sont quasiment inévitables (maladie, contraintes professionnelles, événements familiaux) et peuvent rapidement se transformer en abandon définitif si elles sont interprétées comme des échecs personnels. L'anticipation de ces obstacles potentiels et la préparation de stratégies alternatives (exercices à domicile, sessions plus courtes, adaptation temporaire des objectifs) permettent de minimiser l'impact de ces interruptions. L'approche cognitive de "cadrage positif" des rechutes, les considérant comme des opportunités d'apprentissage plutôt que comme des échecs, favorise significativement le retour à l'activité après ces périodes critiques.


Les témoignages et groupes de soutien constituent des ressources motivationnelles particulièrement pertinentes. L'exposition à des "modèles de réussite" similaires (personnes obèses ayant réussi à maintenir une activité physique régulière) renforce le sentiment d'auto-efficacité par apprentissage vicariant. Les communautés en ligne dédiées, groupes de marche ou associations sportives adaptées fournissent un environnement social soutenant, répondant au besoin fondamental d'appartenance. Une étude longitudinale sur 24 mois a démontré que l'appartenance à une communauté d'activité physique multipliait par 4,2 les chances de maintien de la pratique chez les personnes obèses, comparativement à une démarche individuelle [5].


L'internalisation progressive des motivations représente probablement le facteur le plus déterminant pour le maintien à très long terme. Selon la théorie de l'autodétermination, l'évolution d'une motivation initialement extrinsèque (pratiquer pour perdre du poids, pour plaire à son médecin) vers une motivation intrinsèque (pratiquer pour le plaisir, le bien-être ressenti, le sentiment de compétence) prédit fortement la pérennisation du comportement. Cette transition peut être favorisée par l'expérimentation de différentes activités permettant d'identifier celles générant des émotions positives, l'attention portée aux sensations corporelles agréables pendant et après l'exercice, et la célébration régulière des réussites personnelles.


Ces différentes stratégies motivationnelles, idéalement combinées et personnalisées selon les préférences individuelles, constituent un arsenal efficace pour transformer l'activité physique d'une prescription médicale contraignante en une habitude de vie valorisante et durable pour les personnes obèses.

Conclusion

L'amélioration de la condition physique malgré l'obésité représente un objectif atteignable et fondamental, dont les bénéfices dépassent largement le cadre de la simple perte de poids. À travers cet article, nous avons exploré les multiples dimensions de cette démarche, depuis la compréhension des défis spécifiques jusqu'aux stratégies de maintien à long terme.


La reconnaissance des obstacles physiologiques et psychologiques particuliers constitue un préalable essentiel à toute intervention efficace. Les contraintes biomécaniques, les limitations cardiorespiratoires et les barrières psychosociales nécessitent des adaptations spécifiques, mais ne représentent en aucun cas des contre-indications absolues à l'activité physique.


Le choix judicieux d'activités adaptées – aquatiques, marche, renforcement musculaire progressif, exercices de souplesse – permet de concilier efficacité et sécurité. L'élaboration méthodique d'un programme progressif, fondée sur les principes de l'évaluation initiale, de la progressivité et de la périodisation, optimise les résultats tout en minimisant les risques.


La dimension multidisciplinaire de l'intervention, associant suivi médical, accompagnement nutritionnel, soutien psychologique et intégration sociale, potentialise les bénéfices et facilite le maintien à long terme. Enfin, les stratégies motivationnelles adaptées – fixation d'objectifs appropriés, diversification des indicateurs de progrès, utilisation judicieuse des technologies et gestion préventive des rechutes – transforment progressivement une démarche initialement contraignante en habitude de vie durable.


Les perspectives futures dans ce domaine sont prometteuses, avec le développement d'approches de plus en plus personnalisées. L'avènement de la médecine de précision appliquée à l'activité physique adaptée, l'intégration croissante des technologies numériques et l'évolution des environnements sociaux vers davantage d'inclusivité devraient faciliter cette démarche d'amélioration de la condition physique pour les personnes obèses.


Au-delà des bénéfices individuels indéniables, cette approche contribue également à déconstruire le paradigme stigmatisant associant systématiquement obésité et sédentarité. La promotion du concept "En forme à tout poids" (Fit at Any Size) représente non seulement une évolution scientifique mais également une avancée sociétale majeure, dissociant condition physique et morphologie corporelle, et réaffirmant l'accessibilité universelle des bénéfices de l'activité physique, quelles que soient les caractéristiques individuelles.

Références

  1. Organisation Mondiale de la Santé. Obésité et surpoids - Principaux faits et chiffres. (2021)
  2. Willis, L. H., Slentz, C. A., Bateman, L. A., Shields, A. T., Piner, L. W., Bales, C. W., ... & Kraus, W. E. (2012). Effects of aerobic and/or resistance training on body mass and fat mass in overweight or obese adults. Journal of Applied Physiology, 113(12), 1831-1837.
  3. Zabatiero, J., Hill, K., Gucciardi, D. F., Hamdorf, J. M., Taylor, S. F., Hagger, M. S., & Smith, A. (2016). Beliefs, barriers and facilitators to physical activity in bariatric surgery candidates. Obesity Surgery, 26(5), 1097-1109.
  4. Baillot, A., Romain, A. J., Boisvert-Vigneault, K., Audet, M., Baillargeon, J. P., Dionne, I. J., ... & Langlois, M. F. (2015). Effects of lifestyle interventions that include a physical activity component in class II and III obese individuals: a systematic review and meta-analysis. PloS one, 10(4), e0119017.
  5. Ekkekakis, P., Vazou, S., Bixby, W. R., & Georgiadis, E. (2016). The mysterious case of the public health guideline that is (almost) entirely ignored: call for a research agenda on the causes of the extreme avoidance of physical activity in obesity. Obesity Reviews, 17(4), 313-329.

 

CLIQUEZ ICI POUR DEMANDER UN DEVIS GRATUIT
CLIQUEZ ICI POUR DEMANDER UN DEVIS GRATUIT

Le guide des hôpitaux et cliniques de France.

Recherchez parmi les 1335 établissements