Sleeve gastrectomie et médicaments contre le reflux gastro-œsophagien : gérer les complications post-opératoires

La sleeve gastrectomie s'est imposée comme une intervention chirurgicale de premier plan dans le traitement de l'obésité sévère, offrant des résultats remarquables en termes de perte de poids et d'amélioration des comorbidités[1]. Cependant, cette procédure n'est pas exempte de complications post-opératoires, dont l'une des plus préoccupantes est le reflux gastro-œsophagien (RGO). La prévalence du RGO après une sleeve gastrectomie peut atteindre 20 à 30% des patients, compromettant potentiellement la qualité de vie et les bénéfices de l'intervention[2]. Face à ce défi, la gestion médicamenteuse du RGO post-opératoire devient un enjeu crucial pour les chirurgiens bariatriques et les gastro-entérologues.

Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) constituent la pierre angulaire du traitement pharmacologique du RGO post-sleeve gastrectomie[3]. Néanmoins, leur efficacité et leur sécurité à long terme dans ce contexte spécifique soulèvent des interrogations, notamment en raison des modifications anatomiques et physiologiques induites par la chirurgie. Les antagonistes des récepteurs H2 à l'histamine représentent une alternative ou un complément aux IPP, mais leur place dans la stratégie thérapeutique reste à préciser[4].

Cet article vise à explorer en profondeur les stratégies de prise en charge du RGO post-sleeve gastrectomie, en mettant l'accent sur l'utilisation raisonnée des médicaments anti-reflux. Nous aborderons les mécanismes sous-jacents à cette complication, les options thérapeutiques disponibles, ainsi que les considérations importantes pour optimiser les résultats à long terme. Une attention particulière sera portée aux ajustements posologiques nécessaires, aux effets secondaires potentiels, et à l'importance d'une approche globale intégrant des modifications du mode de vie[5].

À travers cette analyse, nous espérons fournir aux professionnels de santé des outils pratiques pour améliorer la prise en charge des patients confrontés au RGO post-sleeve gastrectomie, tout en soulignant l'importance d'une approche personnalisée et multidisciplinaire dans la gestion de cette complication complexe.

Sleeve gastrectomie et médicaments contre le reflux gastro-œsophagien : gérer les complications post-opératoires

Le reflux gastro-œsophagien comme complication de la sleeve gastrectomie

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Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est une complication fréquente et préoccupante de la sleeve gastrectomie, une intervention chirurgicale largement pratiquée dans le traitement de l'obésité sévère. Bien que la sleeve gastrectomie offre des résultats impressionnants en termes de perte de poids et d'amélioration des comorbidités liées à l'obésité, l'apparition ou l'aggravation du RGO post-opératoire peut significativement impacter la qualité de vie des patients et compromettre les bénéfices de l'intervention[5].

Mécanismes conduisant au RGO après l'intervention

Plusieurs facteurs anatomiques et physiologiques contribuent à l'augmentation du risque de RGO après une sleeve gastrectomie :

1. Modification de l'anatomie gastrique : La résection d'une grande partie de l'estomac altère sa forme et sa capacité, créant un "tube" gastrique à haute pression. Cette nouvelle configuration peut favoriser le reflux du contenu gastrique vers l'œsophage[6].

2. Altération de la fonction du sphincter inférieur de l'œsophage (SIO) : La sleeve gastrectomie peut perturber l'intégrité et la fonction du SIO, réduisant sa capacité à prévenir le reflux acide[3].

3. Diminution de la compliance gastrique : La réduction du volume de l'estomac entraîne une diminution de sa capacité à s'adapter aux variations de pression, ce qui peut augmenter la fréquence des épisodes de reflux.

4. Accélération de la vidange gastrique : Bien que généralement considérée comme bénéfique pour la perte de poids, une vidange gastrique accélérée peut paradoxalement contribuer au RGO en augmentant la fréquence des relaxations transitoires du SIO.

Symptômes typiques et atypiques du RGO post-opératoire

Les manifestations cliniques du RGO post-sleeve gastrectomie peuvent être diverses et parfois trompeuses :

- Symptômes typiques : Pyrosis (brûlures d'estomac), régurgitations acides, douleurs rétrosternales. 
- Symptômes atypiques : Toux chronique, enrouement, sensation de boule dans la gorge, douleurs thoraciques non cardiaques.

Il est crucial de noter que certains patients peuvent développer un RGO silencieux, sans symptômes apparents, mais avec des lésions œsophagiennes potentiellement graves[7].

Impact sur la qualité de vie des patients

Le RGO post-sleeve gastrectomie peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie des patients :

1. Perturbation du sommeil : Les symptômes nocturnes peuvent entraîner des réveils fréquents et une fatigue diurne. 
2. Limitations alimentaires : La crainte des symptômes peut conduire à des restrictions alimentaires excessives, potentiellement préjudiciables à l'équilibre nutritionnel post-opératoire. 
3. Anxiété et dépression : La persistance des symptômes peut générer une détresse psychologique, en particulier chez les patients qui avaient des attentes élevées vis-à-vis de l'intervention. 
4. Complications à long terme : Le RGO chronique expose à un risque accru d'œsophagite, de sténose peptique et, plus rarement, d'œsophage de Barrett[2].

La gestion efficace du RGO post-sleeve gastrectomie nécessite une approche multidisciplinaire, combinant des interventions médicamenteuses, des modifications du mode de vie et, dans certains cas, des procédures endoscopiques ou chirurgicales de révision. Une surveillance étroite et un suivi à long terme sont essentiels pour détecter et traiter précocement cette complication, afin de préserver les bénéfices de la chirurgie bariatrique et d'assurer une qualité de vie optimale pour les patients.

La compréhension approfondie des mécanismes sous-jacents au RGO post-sleeve gastrectomie et de son impact sur les patients est cruciale pour développer des stratégies de prévention et de traitement efficaces. Dans les sections suivantes, nous explorerons en détail les approches diagnostiques et thérapeutiques, en mettant l'accent sur l'utilisation judicieuse des médicaments anti-reflux dans ce contexte spécifique.

Évaluation et diagnostic du RGO post-sleeve gastrectomie

L'évaluation et le diagnostic précis du reflux gastro-œsophagien (RGO) après une sleeve gastrectomie sont cruciaux pour une prise en charge efficace. Cette étape nécessite une approche systématique, combinant l'évaluation clinique et des examens paracliniques spécifiques.

Examens cliniques et questionnaires standardisés

L'évaluation initiale du RGO post-sleeve gastrectomie repose sur un examen clinique approfondi et l'utilisation de questionnaires validés :

  • Anamnèse détaillée : Il est essentiel de recueillir des informations sur la nature, la fréquence et l'intensité des symptômes, ainsi que sur leur impact sur la qualité de vie du patient.

  • Questionnaires standardisés : Des outils tels que le Gastroesophageal Reflux Disease Questionnaire (GERD-Q) ou le Reflux Symptom Index (RSI) peuvent aider à quantifier la sévérité des symptômes et à suivre leur évolution dans le temps[8].

  • Examen physique : Bien que rarement spécifique pour le RGO, il peut révéler des signes associés ou des complications.

Examens paracliniques

Plusieurs examens complémentaires sont utilisés pour confirmer le diagnostic, évaluer la sévérité du RGO et guider la prise en charge thérapeutique :

  • pH-métrie œsophagienne de 24 heures : Considérée comme le gold standard pour le diagnostic du RGO, elle permet de quantifier l'exposition acide de l'œsophage. La pH-métrie sans sonde (capsule Bravo) peut être particulièrement utile chez les patients ayant subi une sleeve gastrectomie, offrant un confort accru et une période d'enregistrement plus longue[9].

  • Impédancemétrie-pH : Cette technique permet de détecter non seulement les reflux acides, mais aussi les reflux non acides ou faiblement acides, fréquents après une chirurgie bariatrique.

  • Manométrie œsophagienne haute résolution : Elle évalue la fonction du sphincter inférieur de l'œsophage (SIO) et la motilité œsophagienne, fournissant des informations précieuses sur les mécanismes sous-jacents du RGO post-opératoire[10].

  • Endoscopie digestive haute : Essentielle pour évaluer les lésions muqueuses (œsophagite, ulcères) et dépister les complications potentielles comme l'œsophage de Barrett. Elle permet également d'exclure d'autres pathologies pouvant mimer les symptômes du RGO.

  • Transit œso-gastro-duodénal (TOGD) : Cet examen radiologique peut révéler des anomalies anatomiques post-opératoires contribuant au RGO, telles qu'une dilatation du manchon gastrique ou une hernie hiatale.

Importance d'un diagnostic précoce

Un diagnostic précoce et précis du RGO post-sleeve gastrectomie est crucial pour plusieurs raisons :

  • Prévention des complications : Un traitement rapide peut prévenir l'apparition de complications graves telles que l'œsophagite sévère ou l'œsophage de Barrett.

  • Optimisation de la prise en charge : Un diagnostic précis permet d'adapter le traitement médicamenteux et d'envisager, si nécessaire, des interventions endoscopiques ou chirurgicales de révision.

  • Préservation des bénéfices de la chirurgie : Une gestion efficace du RGO contribue à maintenir la qualité de vie et les résultats pondéraux obtenus grâce à la sleeve gastrectomie.

  • Éducation du patient : Un diagnostic précoce offre l'opportunité d'éduquer le patient sur les modifications du mode de vie nécessaires pour contrôler les symptômes et prévenir les complications.

L'évaluation et le diagnostic du RGO post-sleeve gastrectomie nécessitent une approche multidisciplinaire, impliquant chirurgiens bariatriques, gastro-entérologues et radiologues. La combinaison judicieuse des examens cliniques et paracliniques permet non seulement de confirmer le diagnostic, mais aussi de caractériser précisément le reflux, guidant ainsi la stratégie thérapeutique.

Dans la section suivante, nous aborderons en détail les différentes options de traitement médicamenteux du RGO post-sleeve gastrectomie, en mettant l'accent sur l'utilisation appropriée des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et des autres classes de médicaments anti-reflux dans ce contexte spécifique.

Traitements médicamenteux du RGO post-sleeve gastrectomie

La prise en charge médicamenteuse du reflux gastro-œsophagien (RGO) après une sleeve gastrectomie représente un défi thérapeutique majeur. Les modifications anatomiques et physiologiques induites par la chirurgie nécessitent une approche spécifique et personnalisée. Cette section explore les principales options pharmacologiques disponibles pour traiter le RGO post-opératoire.

Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP)

Les IPP constituent la pierre angulaire du traitement médicamenteux du RGO post-sleeve gastrectomie :

1. Mécanisme d'action : Les IPP agissent en bloquant la pompe à protons (H+/K+-ATPase) des cellules pariétales gastriques, réduisant ainsi la sécrétion d'acide gastrique[11].

2. Efficacité dans le contexte post-opératoire : Bien que généralement efficaces, l'absorption et la biodisponibilité des IPP peuvent être altérées après une sleeve gastrectomie en raison des changements anatomiques et de la modification du pH intragastrique.

3. Posologie et durée de traitement : Une augmentation de la dose ou une administration plus fréquente peut être nécessaire pour obtenir un contrôle optimal des symptômes. La durée du traitement doit être individualisée, avec une réévaluation régulière pour ajuster la posologie ou envisager un sevrage progressif.

4. Considérations spécifiques : L'utilisation à long terme d'IPP après une sleeve gastrectomie soulève des préoccupations concernant l'absorption des nutriments et le risque de carences nutritionnelles, notamment en vitamine B12, fer et calcium[12].

Antagonistes des récepteurs H2 à l'histamine

Ces médicaments peuvent jouer un rôle complémentaire ou alternatif aux IPP :

1. Rôle en complément ou en alternative aux IPP : Les anti-H2 peuvent être utilisés en association avec les IPP pour un contrôle nocturne accru du reflux ou comme alternative chez les patients intolérants aux IPP.

2. Avantages et inconvénients : Ils offrent un soulagement rapide des symptômes mais peuvent être moins efficaces que les IPP pour la cicatrisation de l'œsophagite. Leur efficacité peut diminuer avec le temps en raison du phénomène de tachyphylaxie.

Antiacides et pansements gastro-intestinaux

Ces traitements ont un rôle limité mais peuvent être utiles dans certaines situations :

1. Utilisation pour le soulagement symptomatique : Les antiacides et les pansements gastro-intestinaux peuvent offrir un soulagement rapide et ponctuel des symptômes légers à modérés.

2. Limites de leur efficacité à long terme : Ces traitements ne sont pas adaptés à une utilisation prolongée en raison de leur action de courte durée et de leur incapacité à prévenir les complications du RGO chronique.

Prokinétiques

Bien que moins utilisés, les prokinétiques peuvent avoir un intérêt dans certains cas :

1. Mécanisme d'action : Ils améliorent la motilité gastro-intestinale et peuvent réduire le reflux en accélérant la vidange gastrique.

2. Indications spécifiques : Ils peuvent être particulièrement utiles chez les patients présentant des symptômes de dysmotilité gastrique associés au RGO post-sleeve gastrectomie.

Stratégies d'optimisation du traitement médicamenteux

Pour maximiser l'efficacité du traitement médicamenteux du RGO post-sleeve gastrectomie, plusieurs stratégies peuvent être envisagées :

1. Personnalisation du traitement : L'ajustement de la posologie et du moment d'administration des médicaments en fonction des habitudes alimentaires et du profil de reflux du patient est crucial.

2. Combinaison de traitements : L'association d'IPP avec des anti-H2 ou des prokinétiques peut offrir un contrôle plus complet des symptômes dans les cas réfractaires.

3. Suivi régulier et ajustement : Une surveillance étroite de l'efficacité du traitement et des effets secondaires potentiels est essentielle pour optimiser la prise en charge à long terme.

4. Éducation du patient : L'adhésion au traitement et la compréhension de son importance sont cruciales pour le succès thérapeutique.

La prise en charge médicamenteuse du RGO post-sleeve gastrectomie nécessite une approche nuancée et individualisée. Bien que les IPP restent le traitement de première ligne, l'utilisation judicieuse d'autres classes de médicaments et l'adaptation des stratégies thérapeutiques aux spécificités anatomiques et physiologiques post-opératoires sont essentielles pour optimiser les résultats. Une collaboration étroite entre chirurgiens bariatriques, gastro-entérologues et pharmaciens cliniciens est indispensable pour élaborer des protocoles de traitement efficaces et sûrs dans ce contexte particulier.

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Ajustements du mode de vie et mesures non médicamenteuses

La gestion efficace du reflux gastro-œsophagien (RGO) post-sleeve gastrectomie ne repose pas uniquement sur les traitements médicamenteux. Les ajustements du mode de vie et les mesures non médicamenteuses jouent un rôle crucial dans le contrôle des symptômes et l'amélioration de la qualité de vie des patients. Cette section explore les stratégies comportementales et diététiques essentielles pour optimiser la prise en charge du RGO après une sleeve gastrectomie.

Modifications alimentaires

  • Les habitudes alimentaires ont un impact significatif sur la survenue et l'intensité des symptômes de RGO :

  • Fractionnement des repas : La consommation de repas plus petits et plus fréquents peut réduire la pression intragastrique et limiter les épisodes de reflux.

  • Éviction des aliments déclencheurs : L'identification et l'éviction des aliments aggravant les symptômes (par exemple, les aliments épicés, acides, gras ou la caféine) sont essentielles. Cependant, il est important de maintenir une alimentation équilibrée pour éviter les carences nutritionnelles post-opératoires.

  • Timing des repas : Éviter de manger dans les 3 heures précédant le coucher peut réduire le risque de reflux nocturne.

  • Mastication lente et complète : Une mastication soigneuse facilite la digestion et peut réduire la distension gastrique.

Changements posturaux

La position du corps peut influencer significativement la fréquence et la gravité des épisodes de reflux :

  • Surélévation de la tête du lit : Dormir avec la tête du lit surélevée de 15 à 20 cm peut réduire les reflux nocturnes en utilisant la gravité pour maintenir le contenu gastrique dans l'estomac[13].

  • Position assise après les repas : Rester assis ou debout pendant au moins 30 minutes après les repas peut favoriser la vidange gastrique et réduire le risque de reflux.

  • Éviter les positions favorisant le reflux : Limiter les positions qui augmentent la pression abdominale, comme se pencher en avant ou s'allonger immédiatement après les repas.

Gestion du poids et de l'activité physique

Bien que la sleeve gastrectomie vise à réduire le poids, la gestion continue du poids reste importante :

  • Maintien d'un poids santé : Éviter la reprise de poids est crucial, car l'obésité est un facteur de risque connu du RGO.

  • Activité physique régulière : L'exercice modéré peut améliorer la motilité gastro-intestinale et contribuer au contrôle du poids. Cependant, les exercices intenses ou à impact élevé doivent être évités immédiatement après les repas.

Gestion du stress et techniques de relaxation

Le stress peut exacerber les symptômes de RGO :

  • Techniques de relaxation : La pratique de la méditation, du yoga ou de la respiration profonde peut aider à réduire le stress et potentiellement améliorer les symptômes de RGO.

  • Thérapie cognitivo-comportementale : Cette approche peut être bénéfique pour gérer l'anxiété liée aux symptômes de RGO et améliorer la qualité de vie globale.

Autres mesures non médicamenteuses

  • Arrêt du tabac : Le tabagisme peut aggraver le RGO en diminuant la pression du sphincter inférieur de l'œsophage. L'arrêt du tabac est fortement recommandé.

  • Limitation de la consommation d'alcool : L'alcool peut augmenter la production d'acide gastrique et relaxer le sphincter inférieur de l'œsophage.

  • Vêtements amples : Éviter les vêtements serrés au niveau de l'abdomen qui peuvent augmenter la pression intra-abdominale.

Importance de l'éducation thérapeutique

L'éducation du patient est un élément clé dans la réussite des ajustements du mode de vie :

  • Programmes d'éducation structurés : Des sessions d'éducation thérapeutique peuvent aider les patients à comprendre l'importance des mesures non médicamenteuses et à les intégrer dans leur quotidien.

  • Suivi régulier : Un suivi rapproché permet d'évaluer l'adhésion aux recommandations et d'ajuster les stratégies si nécessaire.

  • Outils de suivi : L'utilisation de journaux alimentaires et de symptômes peut aider les patients à identifier les déclencheurs spécifiques de leurs symptômes de RGO.

L'intégration de ces ajustements du mode de vie et mesures non médicamenteuses dans la prise en charge globale du RGO post-sleeve gastrectomie est essentielle. Ces approches, combinées à un traitement médicamenteux approprié, peuvent significativement améliorer le contrôle des symptômes et la qualité de vie des patients. Il est crucial d'adopter une approche personnalisée, en tenant compte des préférences et des contraintes individuelles de chaque patient pour maximiser l'adhésion et l'efficacité à long terme de ces mesures.

Suivi et ajustement du traitement

Le suivi et l'ajustement du traitement du reflux gastro-œsophagien (RGO) post-sleeve gastrectomie sont essentiels pour garantir une prise en charge optimale à long terme. Cette section explore les stratégies de surveillance, d'évaluation de l'efficacité du traitement et d'ajustement thérapeutique nécessaires pour gérer efficacement cette complication post-opératoire.

Importance d'un suivi régulier

Un suivi rigoureux est crucial pour plusieurs raisons :

  • Évaluation continue de l'efficacité du traitement : Les symptômes de RGO peuvent évoluer dans le temps, nécessitant des ajustements thérapeutiques réguliers.

  • Détection précoce des complications : Un suivi régulier permet d'identifier rapidement les complications potentielles telles que l'œsophagite sévère ou l'œsophage de Barrett.

  • Optimisation de l'adhésion au traitement : Des consultations de suivi fréquentes offrent l'opportunité de renforcer l'éducation du patient et d'améliorer l'observance thérapeutique.

  • Ajustement des mesures non médicamenteuses : Le suivi permet de réévaluer et d'affiner les recommandations concernant le mode de vie et l'alimentation.

Évaluation de l'efficacité du traitement

L'évaluation de l'efficacité du traitement repose sur plusieurs éléments :

  • Évaluation clinique : L'utilisation de questionnaires standardisés (par exemple, le GERD-Q) lors de chaque visite permet de quantifier l'évolution des symptômes.

  • Examens endoscopiques de contrôle : Une endoscopie digestive haute est recommandée à intervalles réguliers pour évaluer la cicatrisation muqueuse et dépister d'éventuelles complications[13].

  • pH-métrie de contrôle : Dans certains cas, une pH-métrie de contrôle peut être nécessaire pour évaluer objectivement le contrôle de l'exposition acide de l'œsophage.

  • Évaluation de la qualité de vie : L'utilisation d'échelles de qualité de vie spécifiques au RGO permet d'apprécier l'impact global du traitement sur le bien-être du patient.

Ajustements posologiques et changements de stratégie thérapeutique

Le traitement du RGO post-sleeve gastrectomie nécessite souvent des ajustements au fil du temps :

  • Titration des IPP : La dose et la fréquence d'administration des IPP peuvent nécessiter des ajustements en fonction de la réponse clinique. Une augmentation progressive de la dose ou un passage à une administration biquotidienne peut être envisagé en cas de contrôle insuffisant des symptômes.

  • Introduction d'autres classes médicamenteuses : L'ajout d'anti-H2 ou de prokinétiques peut être considéré en cas de réponse partielle aux IPP seuls.

  • Stratégies de sevrage : Pour les patients bien contrôlés, un sevrage progressif des IPP peut être tenté, en passant par exemple à une prise à la demande ou à une réduction progressive de la dose.

  • Considération des options endoscopiques ou chirurgicales : En cas d'échec du traitement médical optimisé, des interventions endoscopiques (par exemple, la fundoplicature endoscopique) ou chirurgicales (conversion en bypass gastrique) peuvent être envisagées[3].

Gestion des effets secondaires et des interactions médicamenteuses

Le suivi à long terme doit inclure une surveillance des effets secondaires potentiels du traitement anti-reflux :

  • Surveillance des carences nutritionnelles : Un bilan biologique régulier est recommandé pour dépister d'éventuelles carences, notamment en vitamine B12, fer et calcium, particulièrement chez les patients sous IPP au long cours.

  • Évaluation des interactions médicamenteuses : Une attention particulière doit être portée aux interactions potentielles entre les médicaments anti-reflux et d'autres traitements, notamment dans le contexte des modifications pharmacocinétiques induites par la sleeve gastrectomie.

  • Prévention de l'ostéoporose : Chez les patients à risque, une surveillance de la densité osseuse peut être envisagée en cas de traitement prolongé par IPP.

Approche multidisciplinaire

Un suivi optimal du RGO post-sleeve gastrectomie nécessite une approche multidisciplinaire :

  • Coordination entre chirurgiens bariatriques et gastro-entérologues : Une collaboration étroite permet d'optimiser la prise en charge et d'envisager au mieux les options thérapeutiques en cas d'échec du traitement médical.

  • Implication des diététiciens : Un suivi nutritionnel régulier est essentiel pour adapter les recommandations diététiques et prévenir les carences.

  • Soutien psychologique : L'intégration d'un soutien psychologique peut être bénéfique, en particulier pour les patients dont la qualité de vie est significativement altérée par le RGO persistant.

Le suivi et l'ajustement du traitement du RGO post-sleeve gastrectomie requièrent une approche personnalisée, dynamique et multidisciplinaire. Une réévaluation régulière de l'efficacité du traitement, couplée à des ajustements thérapeutiques proactifs, est essentielle pour optimiser les résultats à long terme et préserver la qualité de vie des patients.

Conclusion

La gestion du reflux gastro-œsophagien (RGO) après une sleeve gastrectomie est un défi complexe. Cette complication fréquente peut impacter significativement la qualité de vie des patients.

Le RGO post-sleeve résulte de modifications anatomiques et physiologiques. Son diagnostic repose sur une évaluation clinique et des examens paracliniques comme la pH-métrie et l'endoscopie[15].

Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont la base du traitement, mais leur utilisation doit être adaptée aux spécificités post-opératoires. Les mesures non médicamenteuses, incluant des modifications alimentaires et comportementales, sont cruciales.

Une approche personnalisée et multidisciplinaire est essentielle, impliquant chirurgiens, gastro-entérologues, diététiciens et psychologues. L'éducation thérapeutique et la participation active du patient sont primordiales.

Les perspectives futures incluent de nouvelles approches pharmacologiques[16], des techniques endoscopiques innovantes et l'optimisation des techniques chirurgicales.

En conclusion, la gestion du RGO post-sleeve nécessite une approche globale, combinant traitement médicamenteux optimisé, mesures non médicamenteuses et suivi rigoureux pour améliorer la qualité de vie des patients.

Sources

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  2. Oor JE, Roks DJ, Ünlü Ç, Hazebroek EJ. (2016). Laparoscopic sleeve gastrectomy and gastroesophageal reflux disease: a systematic review and meta-analysis. *American Journal of Surgery*, 211(1), 250-267.
  3. Rebecchi F, Allaix ME, Patti MG, Schlottmann F, Morino M. (2018). Gastroesophageal reflux disease and morbid obesity: To sleeve or not to sleeve? *World Journal of Gastroenterology*, 24(3), 283-293.
  4. Sharples AJ, Mahawar K. (2020). Systematic Review and Meta-Analysis of Randomised Controlled Trials Comparing Long-Term Outcomes of Roux-En-Y Gastric Bypass and Sleeve Gastrectomy. *Obesity Surgery*, 30(2), 664-672.
  5. Melissas J, Braghetto I, Molina JC, Silecchia G, Iossa A, Iannelli A, Foletto M. (2018). Gastroesophageal Reflux Disease and Sleeve Gastrectomy. *Obesity Surgery*, 28(6), 1642-1647.
  6. Bou Daher H, Sharara AI. (2019). Gastroesophageal reflux disease, obesity and laparoscopic sleeve gastrectomy: The burning questions. *World Journal of Gastroenterology*, 25(33), 4805-4813.
  7. Genco A, Soricelli E, Casella G, Maselli R, Castagneto-Gissey L, Di Lorenzo N, Basso N. (2017). Gastroesophageal reflux disease and Barrett's esophagus after laparoscopic sleeve gastrectomy: a possible, underestimated long-term complication. *Surgery for Obesity and Related Diseases*, 13(4), 568-574.
  8. Koukias N, Woodward A, Yazaki E, Sifrim D. (2020). Diagnostics and therapeutics of gastroesophageal reflux disease. *Annals of the New York Academy of Sciences*, 1482(1), 192-212.
  9. Yadlapati R, Pandolfino JE. (2018). Personalized Approach in the Work-up and Management of Gastroesophageal Reflux Disease. *Gastrointestinal Endoscopy Clinics of North America*, 28(1), 1-12.
  10. Mion F, Tolone S, Garros A, Savarino E, Pelascini E, Robert M, Poncet G, Valette PJ, Marjoux S, Docimo L, Roman S. (2016). High-resolution Impedance Manometry after Sleeve Gastrectomy: Increased Intragastric Pressure and Reflux are Frequent Events. *Obesity Surgery*, 26(10), 2449-2456.
  11. Savarino E, Bredenoord AJ, Fox M, Pandolfino JE, Roman S, Gyawali CP. (2017). Expert consensus document: Advances in the physiological assessment and diagnosis of GERD. *Nature Reviews Gastroenterology & Hepatology*, 14(11), 665-676.
  12. Ariel A, Bjørklund L, El-Hussuna A. (2020). The effect of laparoscopic sleeve gastrectomy on the management of type 2 diabetes mellitus: a systematic review of the literature. *International Journal of Environmental Research and Public Health*, 17(11), 3758.
  13. Ness-Jensen E, Hveem K, El-Serag H, Lagergren J. (2016). Lifestyle Intervention in Gastroesophageal Reflux Disease. *Clinical Gastroenterology and Hepatology*, 14(2), 175-182.e3.
  14. Maret-Ouda J, Markar SR, Lagergren J. (2020). Gastroesophageal Reflux Disease: A Review. *JAMA*, 324(24), 2536-2547.
  15. Yeung KTD, Penney N, Ashrafian L, Darzi A, Ashrafian H. (2020). Does Sleeve Gastrectomy Expose the Distal Esophagus to Severe Reflux?: A Systematic Review and Meta-analysis. *Annals of Surgery*, 271(2), 257-265.
  16. Nadaleto BF, Herbella FA, Patti MG. (2016). Gastroesophageal reflux disease in the obese: Pathophysiology and treatment. *Surgery*, 159(2), 475-486.

     
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