Acupuncture : quels sont ses bienfaits sur la santé ?

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L'acupuncture, du latin médical « acupunctura » (formé de acus, « aiguille » et punctura, « piqûre ») est une pratique dans les médecines douces, dont les origines historiques remontent à plusieurs siècles et puisent ses sources dans les traditions et doctrines de la médecine traditionnelle chinoise (MTC). L'acupuncture est généralement considérée comme originaire de Chine, et le premier document - "Huangdi Nei Jing" ou "Classique interne de l'empereur Jaune" - qui décrit cette pratique date d'environ trois siècles avant J.-C., bien que le moment exact où l'on peut dire que l'acupuncture a commencé en Chine manque encore de preuves archéologiques et historiques.

La médecine chinoise a été mentionnée pour la première fois dans la littérature occidentale dès le XIIIe siècle après J.-C. dans les récits de voyage du missionnaire franciscain Guillaume de Rubrouck, mais le monde occidental a pris conscience de l'acupuncture uniquement quelques siècles plus tard. De plus, en dépit des idées et des pratiques antérieures, l'acupuncture moderne, qui comprend de nouvelles variantes telles que l'électroacupuncture, n'a peut-être jamais existé dans la Chine traditionnelle sous la forme dans laquelle elle est pratiquée de nos jours.

Les théories traditionnelles de l'acupuncture ont été contestées en Occident, mais plusieurs études scientifiques apportent régulièrement de nouvelles preuves sur les véritables effets de l'acupuncture. A ce jour, plusieurs milliers d'études scientifiques ont été publiées sur l'efficacité de l'acupuncture pour des troubles allant de l'épicondylite latérale (aussi appelé "coude du joueur de tennis" ou "Tennis-elbow") au trouble de stress post-traumatique (TSPT). Les preuves suggèrent que l'acupuncture peut traiter efficacement certains symptômes comme les nausées et la douleur, mais généralement pas les causes sous-jacentes de ces symptômes.

L'acupuncture fait partie des différentes approches des branches de la médecine traditionnelle chinoise et orientale, comme la moxibustion, le massage tui na ou le shiatsu. Ainsi, elle tire son origine dans la médecine traditionnelle chinoise et permet de rétablir l'équilibre énergétique (le « Qi ») dans l'organisme. Les concepts de canaux (méridiens ou conduits) dans lesquels le Qi (énergie vitale ou force vitale) circule sont bien établis. Globalement, l'acupuncture est une technique thérapeutique qui vise à traiter le corps et l'esprit d'un patient afin de rétablir son équilibre et son bien-être, grâce à la stimulation de plusieurs points spécifiques à l'extérieur du corps. De la sorte, l'acupuncteur insère des aiguilles dans des points précis à la surface de la peau pour rétablir la circulation du Qi.

Femme en séance d'acupuncture

Quels sont les bienfaits de l'acupuncture ?

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La médecine classique occidentale (médicaments et chirurgie utilisés dans les systèmes de médecine conventionnels pour traiter ou prévenir les maladies) est souvent coûteuse, et peut provoquer des effets secondaires et des dommages.

En effet, la médecine allopathique conventionnelle n'est pas toujours le traitement optimal pour les affections à long terme telles que la douleur chronique. De la sorte, là où les traitements conventionnels n'ont pas été couronnés de succès, l'acupuncture ainsi que d'autres médecines traditionnelles et complémentaires ont le potentiel de jouer un rôle dans la prise en charge optimale des patients.

Largement utilisée dans le monde depuis les années soixante-dix, dans certains pays l'acupuncture est couverte par une assurance maladie et des réglementations établies. Compte tenu de l'utilisation généralisée de l'acupuncture comme thérapie complémentaire (soin de support) aux côtés de la médecine conventionnelle, il y a eu une augmentation de l'intérêt mondial pour la recherche et des bonnes pratiques au cours des dernières décennies. L'objectif visé est d'étudier l'innocuité et l'efficacité de l'acupuncture en plus d'autres interventions de la médecine traditionnelle chinoise (MTC). En Chine et certains autres pays d'Asie, l'acupuncture est un élément notable des programmes de recherche national et reçoit un financement majeur pour la recherche.

L'acupuncture est de plus en plus utilisée dans les domaines de la santé et du bien-être. Et pour cause, elle renferme de nombreux bienfaits, qui sont régulièrement documentés par des recherches scientifiques. A commencer par l'analgésie, elle permet une diminution de la douleur à court et long terme. Elle a aussi un effet relaxant par son intervention dans la modulation cérébrale permettant une diminution du stress, de l'anxiété et de l'insomnie.

Elle permet une harmonisation dans l'équilibre du corps en jouant sur l'homéostasie des systèmes nerveux autonome (système parasympathique et sympathique) et endocriniens (hormones).

Enfin, elle a un effet modulateur par son action sur le système immunitaire et réparateur par son action sur la réparation tissulaire et une meilleure circulation. [1]

 

Séance d'acupuncture dans le dos

Qu'est-ce que l'acupuncture peut soigner ?

D'après l'association des acupuncteurs du Québec, s'appuyant sur des études scientifiques, huit d'entre elles ont un haut niveau de preuve sur les conditions suivantes : les allergies, les céphalées (maux de tête), la prévention des migraines, les lombalgies chroniques (douleurs lombaires chroniques), les douleurs suite à des interventions chirurgicales, les nausées et vomissements en période post-opératoires et liés à la chimiothérapie, l’ostéoarthrite du genou.

D'autres études ont mis en évidence les bienfaits de l'acupuncture notamment sur : les accidents vasculaires cérébraux (AVC), l'anesthésie ambulatoire, l'anesthésie craniotomie, l'arrêt du tabac sur trois mois, l'asthme, les douleurs comme les cervicalgies (zone cervicale), les lombalgies (zone lombaire), les douleurs pelviennes chroniques, les sciatiques ainsi que sur la constipation et le syndrome de l'intestin irritable, la modulation du seuil de perception sensorielle, l'obésité, l'obstétrique (en particulier les douleurs dorsales et pelviennes), l’œil sec, l'oncologie (fatigue, douleurs), le trouble de stress post-traumatique, le syndrome des jambes sans repos et la ménopause. [1]

En France, le médecin est le seul autorisé à exercer cette pratique

L'acupuncture en France est uniquement pratiquée par les professions médicales encadrées par le code de la santé (médecin, sage-femme et dentiste). [2]

A ne pas confondre avec la médecine traditionnelle chinoise (MTC), seule autorisée à être exercée par des non-médecins. Le terme "médecine" se différencie de "médecin" et il est interdit aux non-médecins d'utiliser ce terme pour établir des diagnostics et/ou des traitements.

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Quel est le point de vigilance ?

De nombreuses études ont été répertoriées dans la littérature scientifique. A ce jour, il n'y a pas de preuves évidentes d'un effet indésirable causé directement par l'acupuncture.

Selon le rapport de l'Inserm de janvier 2014, les risques d'effets secondaires graves sont limités car l'acupuncture en France s'exerce dans le cadre d'une activité contrôlée.

Ainsi, le risque infectieux ou de pneumothorax reste exceptionnel et les seuls désagréments que l'acupuncture peut provoquer sont une douleur à l'insertion de l'aiguille, des ecchymoses et un léger saignement. [3]

L'acupuncture sans aiguilles

L'acupuncture consiste en la stimulation de points spécifiques par, en général, l'introduction d'aiguilles très fines dans la peau et les tissus sous-jacents.

D'autres stimulations sont possibles grâce à l'acupression pouvant se décliner avec le massage tui na qui trouve son équivalent dans le shiatsu Japonais, le laser, l'échographie et le courant électrique à très faible tension. [4]

Quand aller voir un médecin acupuncteur ?

En prévention ou dans le cadre d'une pathologie et/ou d'un traitement déclaré, les patients peuvent bénéficier de séances d'acupuncture. Voici quelques indications pour lesquels l'acupuncture a largement fait ses preuves.

Les effets secondaires de la chimiothérapie et/ou de la radiothérapie peuvent provoquer des états nauséeux accompagnés parfois de vomissements. Selon l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), l'action de l'acupuncture sur les nausées, vomissements et douleurs chroniques sont largement démontrés, avec une efficacité supérieure à une absence de soins. Par ailleurs, 15 à 20% des patients atteints de cancer ont recours à l'acupuncture qui se place comme un des principaux soins de support. [5]

Une méta-analyse met en lumière que dans le cas de rhinites allergiques, les patients atteints qui ne répondent pas à la médecine occidentale conventionnelle ou qui ne tolèrent pas les effets secondaires, la stimulation du point du ganglion sphéno-palatin par l'acupuncture est une thérapie alternative efficace. [6]

Les individus souffrant de migraines ou céphalées ont des crises répétées de maux de tête sévères, le plus souvent, d'un seul coté et parfois accompagnés de vomissements. Sur la base d'un haut niveau de preuves, l'acupuncture est une alternative efficace et sure contre la migraine. [7]

L'acupuncture est aussi efficace dans le cas de douleurs articulaires telles que les douleurs de genoux, les périarthrites d'épaules et les polyarthrites rhumatismales.

Pour finir, les lombalgies, cervicalgies et sciatiques sont aussi des troubles indiqués dans la pratique de l'acupuncture. Des études ont montré le rôle des fascias dans les troubles musculosquelettiques notamment en cause dans les douleurs de dos. [10]

Les fascias, en particulier l'épimysium profond et les aponévroses, ont été récemment reconnues comme fortement innervés contenant des fibres de petit diamètre pouvant transmettre des signaux nociceptifs, et plus particulièrement lors d'inflammations. [8] Ainsi, les études de la professeure Hélène Langevin ont mis en évidence un lien entre les fascias et les aiguilles d'acupuncture.

Les fibroblastes (cellules présentes dans le tissu conjonctif) réagissent à l'introduction de l'aiguille dans le fascia permettant le relâchement des tissus jusqu'à atteindre les fibroblastes présents à plusieurs centimètres de celle-ci.

De plus, la libération d'ATP ("Adénosine triphosphate", molécule de signalisation) aurait un lien avec l'effet antalgique de l'acupuncture. Les fibres de collagène s'entourent autour de l'aiguille ce qui implique une résistance lors de son extraction, bien connu des acupuncteurs. [9]

Que fait un acupuncteur pendant une séance ?

Tout d'abord, comme lors de tout premier rendez-vous, le professionnel médical pratiquant l'acupuncture fera un bilan préalable avec son patient.

Puis il sélectionne les points d'acupuncture correspondant aux méridiens sur lesquels il souhaite rétablir l'équilibre énergétique. Il a aussi la possibilité d'utiliser le moxa (bâtonnet ou branche d'armoise), le laser infrarouge et l’électrostimulation.

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Quel prix et remboursement d'une séance d'acupuncture ?

Depuis peu, les séances d'acupuncture peuvent être remboursées par l'Assurance maladie dans le cadre d'un exercice conventionné et d'un parcours de soins coordonné. Cela signifie que le médecin traitant doit impérativement le prescrire. Ainsi, la séance d'acupuncture sera remboursée à hauteur de 70% par la sécurité sociale.

De plus, selon le contrat mutuel souscrit, il peut y avoir un remboursement partiel ou total. Les séances d'acupuncture coutent en moyenne entre 35 et 75 euros selon les praticiens. [11]

Quelle formation suivre pour devenir acupuncteur ?

Les individus souhaitant être acupuncteur doivent en premier lieu se former à une profession médicale comme médecin, chirurgien-dentiste ou sage-femme. Seuls ces professionnels de la santé peuvent exercer l'acupuncture.

Ainsi, ils suivent un cursus à la faculté de médecine. A la fin de ce cycle et après l'obtention d'un doctorat, il faut obtenir un diplôme interuniversitaire (DIU) d’acupuncture générale. Celui-ci se prépare en deux ans.

Plusieurs universités le proposent comme l’université de Nantes, l’université Paris V, l’université de Bordeaux, l’université de Strasbourg, l’université de Montpellier I et l’université Lyon I. [12]

Pour quelles indications thérapeutiques l'acupuncture est-elle proposée ?

"Les indications thérapeutiques proposées par les acupuncteurs peuvent être très variées.

Les pathologies pour lesquelles l’acupuncture est la plus souvent pratiquée sont :

  • douleurs chroniques : lombalgie, arthrose, névralgie, fibromyalgie, mal de tête, etc. ;
  • anxiété, la dépression ou l’insomnie chronique ;
  • troubles liés à la grossesse : nausées, lombalgies et sciatique, etc. ;
  • addictions (au tabac, à l’alcool ou aux drogues ou substances psychoactives).

Cependant, certains praticiens de l’acupuncture revendiquent également des effets thérapeutiques pour traiter :

  • pathologies ORL ;
  • allergies ;
  • douleurs digestives, troubles du transit, colopathie, gastrite, etc. ;
  • effets secondaires de certains médicaments (dont les chimiothérapies anticancéreuses)." [3]

L'acupuncture et la grossesse

Selon une étude sur les femmes ayant recours à une fécondation in vitro (FIV) pour cause de stérilité inexpliquée, il a été observé que la pratique de trois séances d'acupuncture avant et après le transfert d'embryon augmentait significativement les taux de grosses chez ces femmes. De plus, les séances d'acupuncture ont réduit leur niveau d'anxiété avant le transfert embryonnaire. [13]

L'acupuncture peut être bénéfique pendant la grossesse et autour de la préparation à l'accouchement. Pendant la grossesse, certains maux apparaissent comme des nausées, des reflux gastro-œsophagien (RGO), des migraines, des douleurs sciatiques, des sensations de jambes lourdes, des insomnies, des hémorroïdes, de l'anxiété. Tous ces désagréments représentant un déséquilibre énergétique peuvent être soulagés par les techniques d'acupuncture.

Au cours du dernier mois de grossesse, les séances d'acupuncture permettent d'aider à la maturation du col et à la "descente" du bébé ainsi qu'à sa version, dans le cas d'un bébé en siège. Ces techniques se pratiquent en accord avec la maman et sous avis médical de la sage-femme ou du médecin acupuncteur.

L'acupuncture en obstétrique hors grossesse

En dehors de la grossesse, dans quel cadre les sages-femmes et médecins utilisent l'acupuncture en obstétrique ?

Les sages-femmes ou médecins sont les seules habilités à exercer l'acupuncture en France et peuvent proposer, pour ces effets analgésiques, cette technique. Des études menées sur les dysménorrhées (règles douloureuses) n'ont pas indiqué de résultats probants car les données sont insuffisantes pour démontrer l'efficacité de l'acupuncture ou de l'acupression dans le traitement de la dysménorrhée primaire. [14]

A ce jour, il y a peu de données sur l'efficacité de l'acupuncture dans le cadre des douleurs liées à l'endométriose. Étant considéré que l'acupuncture réduit la douleur ainsi que ses conséquences, il faudrait des études supplémentaires. [15]

Par ailleurs, une méta-analyse démontre une diminution des symptômes de la ménopause chez les patientes atteintes du cancer du sein ayant des effets indésirables de l'hormonothérapie mais n'a eu aucun effet sur les bouffées de chaleur. [16]

Peut-on maigrir grâce à l'acupuncture ?

Des données relevant d'une méta-analyse sur les indications de l'acupuncture pour la perte de poids précisent que l'effet de l'acupuncture sur l'obésité peut être maximisé lorsque l'acupuncture est auriculaire et manuelle.

Cependant, le traitement fondé sur l'acupuncture seule, peut ne pas être efficace sur la perte de poids. Les habitudes alimentaires et l'hygiène de vie du patient sont aussi à prendre en considération. Par ailleurs, le traitement par acupuncture peut être plus efficace chez les patients en surpoids que chez les patients obèses. [17]

L'acupuncture a-t-elle une action sur la diminution du stress et la dépression ?

Un recensement dans la littérature scientifique des études sur les effets de l'acupuncture dans le cadre de l'anxiété semble avoir des résultats prometteurs. [18]

Le stress est à l'origine de nombreux problèmes de santé comme les maladies cardio-vasculaires, les troubles du sommeil, les problèmes digestifs, les douleurs de dos, des troubles alimentaires. Tous ces déséquilibres énergétiques sont des éléments traités par l'acupuncture. Ainsi, l'acupuncture à des effets sur les troubles liés au stress.

Le stress peut aussi être à l'origine de la dépression. Par ailleurs, une revue sur les recommandations en pratique clinique ("Clinical Practice Guidelines") regroupe des études publiées entre juin 2014 et mai 2018, dont trois ont été menées aux État-Unis, une au Canada et une en Chine. Trois d'entre elles n'ont pas de recommandations particulières sur l'acupuncture et deux d'entre elles recommandent l'acupuncture dans le cadre de la dépression. [19]

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L'acupuncture permet-elle d'arrêter de fumer ?

Le tabagisme représente la principale cause de décès dans les pays industrialisés, et l'acupuncture est proposée comme aide à l'arrêt du tabac.

Des études recensées dans la littérature indiquent que l'acupuncture peut être proposée aux patients souhaitant arrêter de fumer dans une prise en charge globale. L'association de l'acupuncture favorise l'arrêt du tabac. [20] Ainsi, l'acupuncture peut être par exemple une solution non médicamenteuse pendant la grossesse, sauf contre-indication.

L'effet à court terme de l'acupuncture est bien documenté mais l'effet à moyen terme est plus incertain. L'acupuncture peut être proposée aux patients souhaitant arrêter de fumer dans le cadre d'une prise en charge globale. L'association de l'acupuncture aux aides classiques augmente les risques d'arrêt du patient. Toutefois, les conditions d'intervention doivent encore être définies plus précisément dans le cadre de futurs essais contrôlés randomisés.

Acupuncture et traitement des symptômes associés au syndrome du canal carpien

Le syndrome du canal carpien (SCC) est un trouble neuropathique compressif au niveau du poignet. L'acupuncture et d'autres méthodes qui stimulent les points d'acupuncture, telles que l'électroacupuncture, l'acupuncture auriculaire, l'acupuncture au laser, la moxibustion et l'acupression, sont utilisées dans le traitement du syndrome du canal carpien.

En effet, l'acupuncture a été recommandée comme traitement potentiellement utile pour le syndrome du canal carpien, mais son efficacité reste incertaine. Toutefois, plusieurs recherches tentent régulièrement d'évaluer les avantages et les inconvénients de l'acupuncture et des interventions liées à l'acupuncture par rapport aux traitements placebo ou actifs pour la gestion de la douleur et d'autres symptômes du syndrome du canal carpien chez les adultes.

Un rapport de recherche publié en 2018 dans la revue Cochrane Library [21] a été effectué dans six bases de données médicales coréennes et trois bases de données médicales chinoises. Les conclusions des auteurs précisent que l'acupuncture et l'acupuncture au laser peuvent avoir peu ou pas d'effet à court terme sur les symptômes du syndrome du canal carpien par rapport au placebo ou à l'acupuncture fictive.

Les auteurs expliquent que, "il n'est pas certain que l'acupuncture et les interventions connexes soient plus ou moins efficaces pour soulager les symptômes du syndrome du canal carpien que les blocs nerveux corticostéroïdes, les corticostéroïdes oraux, la vitamine B12, de l'ibuprofène, des attelles ou lorsqu'il est ajouté à des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) plus des vitamines, car la certitude de toute conclusion tirée des preuves est faible ou très faible et la plupart des preuves sont à court terme".

Ainsi, des essais de haute qualité sont encore nécessaires pour évaluer rigoureusement les effets de l'acupuncture et des interventions connexes sur les symptômes du syndrome du canal carpien. En conclusion, la recherche ajoute que sur la base de preuves de certitude modérée à très faible, l'acupuncture n'a été associée à aucun événement indésirable grave, ou n'a signalé d'inconfort, de douleur, de paresthésie locale et d'ecchymoses cutanées temporaires.

Bon à savoir

"L’acte d’acupuncture est considéré par la jurisprudence comme un acte médical. en conséquence, seuls les membres des professions médicales peuvent le pratiquer : médecins, chirurgiens-dentistes pour les actes en lien avec la chirurgie dentaire et sages-femmes pour les actes en lien avec l’obstétrique. Les personnes n’appartenant pas au corps médical et pratiquant l’acupuncture peuvent être poursuivies pour exercice illégal de la médecine".

"Parmi les très nombreuses indications thérapeutiques revendiquées par les acupuncteurs, seuls les effets bénéfiques sur certaines douleurs chroniques sur les nausées ou les vomissements ont pu être mesurés avec suffisamment de certitude. Si l’acupuncture est réalisée en conformité avec le cadre légal, les risques d’effets indésirables graves sont très limités. Afin de garantir la sécurité du patient, il est nécessaire que le recours éventuel à l’acupuncture ne s’effectue qu’en complément de la prise en charge médicale conventionnelle et non en substitution de celle-ci". [3]

 

Jeune femme en séance d'acupuncture

Interview du Docteur Hector Ruiz

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Médecin en médecine physique et réadaptation, acupuncteur

Médecin rééducateur, le Dr Hector Ruiz se forme à l’acupuncture au cours de son internat en médecine à Nîmes. Cette formation donnée à la faculté se déroule sur trois années universitaire. Par la suite, il exerce l'acupuncture dans le cadre de son assistanat au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Nîmes (département du Gard en région Occitanie) avant de s'installer en cabinet libéral. L'acupuncture fait partie de sa pratique et reste occasionnelle.

Le docteur Hector Ruiz nous partage son expérience de terrain au sujet de l'acupuncture et ses bienfaits.

Pour quelles raisons vous êtes-vous formé en acupuncture ?

Au départ, c'est une anecdote. Lorsque j'étais interne en médecine physique et réadaptation, je suivais les patients douloureux chroniques avec, le plus souvent, des problèmes articulaires. C'est dans le service d'électrophysiologie, géré auparavant par des neuro-anatomistes de la lignée du professeur Jean Bossy, fondateur du DU d’acupuncture du CHU de Nîmes que je découvre l'acupuncture et ses bienfaits.

J'ai été interpellé par les résultats sur une patiente ayant des problèmes cervicaux dont la stimulation par une aiguille d'acupuncture, d'un point situé sur la cheville gauche, l'a soulagé de ses douleurs cervicales.

Ainsi, surpris par le résultat immédiat et intrigué, je me décide à me former pour comprendre ce phénomène. L'acupuncture a été mon point de départ vers la médecine manuelle.

D'après vous, quelles qualités doit avoir un acupuncteur ?

Avant tout un acupuncteur est un soignant à l'écoute du patient. Instaurer une relation de confiance avec son patient par ces qualités humaines est indispensable. Cela remplit une grande partie de l'efficacité de la séance d'acupuncture. Les patients ont besoin d'être pris en compte. D'autres qualités comme l'intérêt pour le toucher des tissus et des structures anatomiques, l'empathie et l'écoute sont essentielles.

Avez-vous un mentor, quelqu’un qui vous inspire dans le domaine de l'acupuncture ?

Les personnes que je considère comme des mentors sont le docteur Javier Burgos, médecin acupuncteur sur Nîmes, grâce à qui j’ai pris goût à l’acupuncture et le docteure Brigitte Dardalhon, médecin acupuncteur au CHU de Nîmes, avec qui j'ai travaillé lorsque j'étais interne et assistant au CHU de Nîmes.

Est-ce important de vous former régulièrement ?

Oui ! Lorsque l'on travaille en cabinet individuel, il est important d'avoir le regard d'autres professionnels et de se confronter à ses propres limites. Je dirai que les formations permettent d'élargir le champ des possibles, changent notre pratique et permettent de faire des rencontres enrichissantes. C'est très stimulant.

Travaillez-vous en réseau ?

Oui et non. Je n'ai pas spécialement de réseau lié à l'acupuncture. La plupart du temps ce sont mes patients car j'utilise l'acupuncture comme un moyen thérapeutique supplémentaire, en fonction des besoins du patient. Mais il m'arrive d'y avoir recours dans le cadre de soins de support pour les patientes atteintes du cancer du sein dans la prise en charge de la douleur, des effets secondaires des traitements, des troubles du sommeil et pour leur moral.

Quelles pathologies traitez-vous en acupuncture et sur lesquelles avez-vous eu des résultats encourageants ?

J'ai eu de bons résultats sur les patientes atteintes du cancer du sein dans le cadre du traitement des effets secondaires des différents traitements tels que la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie et l'hormonothérapie.

En ayant pu soulager des douleurs neuropathiques, des vomissements, et les douleurs abdominales et troubles digestifs.

Une de mes expériences les plus marquantes étaient avec une patiente atteinte d'un cancer du sein qui devait poursuivre un protocole de chimiothérapie, mais ses défenses immunitaires ne lui permettait pas d'entreprendre sa prochaine session. Nous avons donc fait une séance spécifique pour travailler sur la fonction de la moelle osseuse, ce qui a permis de recruter des globules blancs de ces tissus et ainsi d'améliorer sa prise de sang pour pouvoir entreprendre son traitement de chimiothérapie.

Actuellement, je pratique beaucoup l'acupuncture dans le cadre des douleurs d'origine ostéoarticulaire, comme le veut ma spécialité. Par exemple, dans le cas d’une fracture, l'acupuncture aide à la récupération. Il y a un délai incompressible lié à la physiologie du tissus osseux mais cela aide au drainage de l'hématome et a une action antalgique.

Le but de l'acupuncture est d'optimiser les ressources de l'organisme. Ainsi, cela dépend de ce que l'on appelle le terrain du patient (état général, âge, génétique, environnement, mode de vie,...).

Par expérience, l'acupuncture permet-elle de maigrir, de réduire le stress et est-elle efficace pendant la grossesse ?

L'acupuncture seule ne permet pas de maigrir mais y contribue. L'hygiène de vie est indispensable à la réussite du protocole. L'acupuncture facilite la perte de poids sous réserve qu'il n'y ait pas de pathologie organique et/ou endocrinienne.

L'acupuncture diminue le stress. Il est possible de stimuler des points d'acupuncture soi-même pour remédier au stress. Ces points calment le système sympathique et baissent le rythme cardiaque.

Ainsi, il y a une prévention des pathologies qui en découlent (pathologies cardiovasculaires, eczéma,...). Les deux points d'acupuncture à stimuler sont le point 7 du méridien du cœur qui se trouve juste en dessous du pisiforme (petit os interne de la première rangée du carpe) à l’aplomb du petit doigt, puis il faut suivre la ligne qui croise le premier pli palmaire.

En médecine traditionnelle chinoise (MTC) cela correspond à la porte de l’esprit et se dit "Shen Men" en chinois. Le deuxième point est le point 6 du maître du cœur. Il se trouve en suivant la ligne du majeur en face palmaire et en se plaçant à trois travers de doigts au niveau du pli palmaire. Il a un effet particulier sur les angoisses, les vomissements et les reflux.

Enfin, l'acupuncture est efficace pendant la grossesse. C'est un moment privilégié car les femmes ne peuvent prendre de médicaments chimiques ou le moins possible, ainsi l'acupuncture a beaucoup à apporter. Cela peut aussi très utile dans les problèmes de fertilité. On revient au problème fonctionnel de l'organe (dans le cas où il n'y a pas d'altération de cet organe).

Utilisez-vous l’acupuncture en prévention ou en traitement curatif ?

En France, la prévention n'est pas une habitude ainsi je l'utilise le plus souvent en traitement curatif. Il est vrai que j'utilise l'acupuncture en prévention, le plus souvent, dans le cadre des allergies printanières.

Utilisez-vous d'autres thérapies complémentaires dans votre pratique ?

J'utilise l’amphothérapie développée par le Dr Jean-Marie Soulier, qui associe des techniques de médecine manuelle à une implication rééducative active de la part du patient, ainsi que les techniques de thérapie manuelle (étirements en contracté-relâché, massages réflexes, mobilisation articulaire, techniques neuromusculaires,...) enseignées par le Dr Dominique Bonneau à l'Institut Supérieur de Thérapeutique Manuelle (ISTM). De même que l'endobiogénie, une discipline qui s'intéresse aux mécanismes d'entretien de l'organisme humain.

A cet effet, j'utilise la phytothérapie et l'aromathérapie. Cette discipline prend en compte le patient dans sa globalité et la façon dont celui-ci utilise les ressources de son organisme, ce que l'on nomme le terrain du patient (fonctionnement de son système nerveux autonome, de son système endocrinien, de son matériel génétique, de son environnement et de sa perception, de son alimentation...). Les moyens thérapeutiques complémentaires sont le travail sur les règles hygiéno-diététiques et un traitement par phytothérapie qui inclut l'aromathérapie, les tisanes, les bourgeons,….

Quels sont les points d'acupuncture que vous privilégiez ?

Dans ma spécialité, pour les problèmes osseux, il y a deux grands points. En médecine traditionnelle chinoise (MTC), les os sont en relation avec le rein. Le méridien correspondant à l'organe du rein est responsable de la croissance osseuse. Le point d'acupuncture Vessie 23 est le point de tonification du rein ainsi que la zone lombaire. Par conséquent, il peut être utilisé pour des problèmes de lombalgie. Ensuite, le point Vessie 11 se situe au niveau de T1 et stimule les os. Utile surtout pour des rachialgies cervicales ou lombaires.

Comment trouve-t-on un point d'acupuncture ?

Les points d'acupuncture sont décrits sur des textes classiques de la médecine traditionnelle chinoise (MTC). On considère que le pouce du patient est la référence. Par exemple, trois pouces à coté d'un relief osseux. A la palpation, il y a généralement une cavité ou une dépression, parfois même une sensibilité (douleur).

Quelle est la plus-value dans le traitement de vos patients ?

Essentiellement, pour les patients difficilement mobilisables ou ceux qui sont trop fragiles par leurs antécédents. La plus-value est qu'on ne va pas mobiliser et qu'il n'y a pas d'effets secondaires.

Comment se déroule une séance d'acupuncture ?

Au début, j'établis le bilan et l'interrogatoire: pourquoi le patient consulte, les antécédents, tous les signes fonctionnels, s’il dort bien, s'il digère bien, s'il a des palpitations, son psychisme. Ces éléments permettent de savoir si le patient est trop Yang ou trop Yin ainsi que les organes et méridiens principaux à aider et ceux à tempérer.

Par exemple si le patient est trop agité, on calme le foie et on nourrit le rein (ancrage sur terre). Ensuite, il y a la prise des pouls radiaux, l'inspection de la langue (identifie le niveau d'atteinte de la pathologie enraciné ou superficiel et l'état digestif) puis on palpe les méridiens. On choisit le point en palpant les tissus puis on place les aiguilles, suite à cela, on laisse le patient allongé couvert avec les aiguilles pendant environ 15 à 30 minutes (maximum). Si le patient ne supporte pas, il est possible de laisser les aiguilles entre 5 à 10 minutes.

Pour finir, on retire les aiguilles et on met une compresse sur chaque point pour "fermer une porte" (selon les principes de la médecine traditionnelle chinoise). Les indications post-séance sont le repos et de s'écouter, car la séance d'acupuncture peut engendrer de la fatigue.

Quels ouvrages conseillez-vous pour aller plus loin ?

Je conseille un ouvrage se nommant "La théorie des méridiens et ses applications en médecine chinoise", de Wang Ju-Yi et Jason D. Robertson (Éditions Satas, 2012). Jason D. Robertson est un auteur américain qui relate les enseignements d’un maître en acupuncture chinois. Ce livre est complet et apprend à palper les méridiens tout en étant au plus proche des patients.

Sources

  1. Association des acupuncteurs du Québec. https://www.acupuncture-quebec.com/
  2. Acupuncture. Conseil de l'Ordre des Médecins. 2018. https://conseil82.ordre.medecin.fr/
  3. L'acupuncture. Fiches d’information. Les pratiques de soins non conventionnelles. Médecines complémentaires / alternatives / naturelles. 2021. https://solidarites-sante.gouv.fr/
  4. Acupuncture. Par Denise Millstine, MD, Mayo Clinic. 2019. https://www.msdmanuals.com/
  5. « L’acupuncture n’est pas un placebo ». 2018. https://www.rose-up.fr/
  6. Different Acupuncture Therapies for Allergic Rhinitis: Overview of Systematic Reviews and Network Meta-Analysis: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32382307/
  7. Effectiveness and Safety of Acupuncture for Migraine: An Overview of Systematic Reviews: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32269669/
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Ressources

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  • Anatomie des points d'acupuncture – Poche – Illustré, 23 septembre 2016, de Chris Jarmey, Ilaira Bouratinos. Éditeur ‏: Éditions de l'Éveil.
  • Atlas d'acupuncture pratique et aide-mémoire du praticien – Relié – Illustré, 8 janvier 2016 de Alain Dubois. Éditeur ‏ : ‎ Les éditions Trédaniel.
  • Guide d'acupuncture : localisation des points et techniques d'insertion – Broché – Illustré, 28 novembre 2018 de Claudia Focks. Éditeur ‏: ‎Elsevier Masson.
  • Précis d'acuponcture chinoise – Relié – 21 décembre 1999 de l'Académie de médecine traditionnelle chinoise. Éditeur ‏: ‎Dangles.
  • L'acupuncture sans aiguille – Broché – 20 février 2013 de Marie-Claire Lapare. Éditeur ‏: ‎Chariot d'or.
  • Acupression pour les débutants - Libérer et équilibrer son flux d'énergie - collection Appuyez ici - Broché – Illustré, 21 mars 2019 de Bob Doto. Éditeur : ‎First.
  • Livre blanc de l'auriculothérapie en 2020 - Broché – Livre grand format, 9 juillet 2020, sous la direction d'Yves Rouxeville. Éditeur ‏: ‎Sauramps Médical.
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